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L'évitement de la douleur
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Chercheur
Chercheur : Serge Marchand, spécialiste de la douleurChercheur : Jeffrey Mogil

Du bon usage des jurons

Rythmes, douleur et conscience chez les invertébrés

Économie ou empathie, nous n’avons rien inventé

« La cognition incarnée », séance 12 : Influences émotionnelles de l’environnement social (complémentarité du système nerveux, hormonal et immunitaire)

Les méfaits de l’isolement social

D’anciens sujets mis à jour

Une lésion inattendue sur le corps déclenche simultanément trois types de réponse. Une réaction d’alerte qui inclut un réajustement postural et une réorientation de la tête et des yeux pour examiner la région endommagée.

Une réponse du système nerveux végétatif impliquant la sécrétion de substances comme la noradrénaline, l’adrénaline, l’ACTH et/ou le cortisol, ainsi que des phénomènes comme la vasoconstriction et la piloérection.

Une réponse comportementale plus élaborée, pouvant inclure l’expression verbale de la douleur, des gémissements, des plaintes, des cris ou des pleurs. Également des expressions faciales typiques, le frottement de la région endolorie afin d’en diminuer la douleur, l’adoption d’une position du corps réduisant l’intensité de la douleur, une diminution de la mobilité et de l’activité en général, etc.


La description de l’explorateur David Livingstone de l’attaque d’un lion qu’il a subie montre de façon éloquente que la douleur n’est pas toujours proportionnelle à la gravité des blessures.

“Rugissant à mon oreille d’une horrible façon il m’agita vivement comme un terrier le fait d’un rat. La secousse me plongea dans cette sorte d’engourdissement où l’on n’éprouve ni le sentiment de l’effroi ni celui de la douleur, quoique l’on ait parfaitement conscience de tout ce qui arrive : un état semblable à celui des patients qui sous l’influence du chloroforme voient tous les détails de l’opération, mais ne sentent pas l’instrument du chirurgien. […] La secousse anéantit la crainte et paralyse tout sentiment d’horreur tandis qu’on regarde l’animal en face. Cette condition particulière est sans doute produite chez tous les animaux qui servent de proie aux carnivores”.

– David Livingstone, Voyages d’exploration, 1857.


Il existe de rares individus qui naissent avec un déficit complet de la sensation de douleur. Ces personnes ne cherchent pas à se protéger quand elles se font mal, accumulent les blessures et meurent en général assez jeunes. On parle d’insensibilité congénitale à la douleur (ou analgésie congénitale) pour décrire leur état.

Ces individus sont donc en danger permanent et doivent s’en remettre à des règles de conduite apprises destinées à les en prémunir. Mais faire attention à ne pas heurter trop fort les objets ou se tenir loin des sources de chaleur demeure des consignes abstraites et dénuées du pouvoir répulsif édifiant de la douleur. Et ces règles sont d’autant plus difficile à assimiler pour les enfants qui succombent souvent de blessures ou d’hémorragies internes passées inaperçues. Une simple crise d'appendicite peut par exemple être fatale.

Quand ils survivent, ces enfants souffrent souvent de blessures à la bouche parce qu’ils se mordent la langue ou aux yeux parce que des particules étrangères n’ont pas été enlevées à temps. Ils ont aussi fréquemment des problèmes d’articulation ou de multiples fractures. Et même pendant le sommeil, l’absence de nociception peut provoquer des lésions liées aux postures inconfortables prolongées.

Un exemple parmi d’autres, celui d’une Canadienne née avec une indifférence aux stimuli douloureux, sans aucun autre déficit sensoriel et très intelligente. En dépit d’un apprentissage précoce à éviter toute situation susceptible de la blesser, elle développa une dégénérescence progressive des articulations des membres et des vertèbres qui conduisit rapidement à une déformation importante de son squelette et à un processus infectieux qui se termina par sa mort, à l’âge de 28 ans.

L’existence de ces patients confirme également que la douleur est bien une sensation différente des autres, et qu’elle ne résulte pas de l’excès de l’une d’entre elles puisqu’ils n’ont pas de déficits sensoriels somatiques autres que celui relatif à la nociception.

Les causes de ce déficit de la nociception pourraient être multiples. Certains patients auraient des niveaux d’endorphines trop élevés. Dans ce cas, on constate que l’administration d’agents bloquant l’activité des endorphines diminue l’intensité de stimulation nécessaire pour faire naître la douleur.

Chez d’autres patients, il semble qu’il y ait un problème avec les fibres sensorielles nociceptives, en particulier celle de type C, ainsi qu’avec les nocicepteurs périphériques correspondants. Une mutation sur le gène d’un canal sodique dépendant du voltage, le SCN9A, pourrait rendre ce canal non fonctionnel et perturber grandement la transmission de l’influx nerveux dans ces neurones.

Enfin, il est possible que des dysfonctionnements dans les régions cérébrales impliquées dans le traitement des informations nociceptives puissent aussi causer le déficit de perception du message douloureux.

Ce déficit se retrouve plus fréquemment dans les sociétés homogènes où les gènes récessifs, comme celui de l’analgésie congénitale, peuvent plus facilement s’exprimer. Par exemple, dans le village de Gällivare dans le nord de la Suède, une quarantaine de cas ont été signalés.

Lien : Vivre sans douleurLien : Congenital insensitivity to painLien : L'homme sans douleur (extrait vidéo)
Lien : l'homme sans douleurLien : Feeling Pain and Being in PainExpérience : Can We Share a Pain We Never Felt? Neural Correlates of Empathy in Patients with Congenital Insensitivity to Pain


DIFFÉRENTS TYPES DE DOULEUR
L'EFFET PLACEBO

La douleur est une expérience subjective désagréable qui constitue la principale raison pour laquelle les gens consultent un médecin. Cette observation est loin d’être étonnante puisque l’une des fonctions principales de la douleur est de nous informer que quelque chose ne tourne pas rond et menace notre intégrité physique.

On pourrait d’abord croire que les sensations douloureuses ne sont que des stimulations excessives des mêmes récepteurs qui nous informent déjà sur l’état de notre corps et du monde extérieur. Mais il n’en est rien. Alerter le cerveau des dangers que représente un stimulus douloureux est bien différent de l’informer de la présence d’un stimulus tactile inoffensif. Voilà pourquoi la perception de la douleur, qu’on appelle aussi nociception, dépend de récepteurs et de voies qui lui sont spécifiques.

 

Le baume d'acier, de Louis Léopold Boilly,
vers 1825.

Les conditions potentiellement nocives pour notre organisme sont ainsi détectées et suscitent en nous une sensation consciente particulière : la douleur.

Nociception et douleur sont donc deux choses différentes. La nociception constitue le processus sensoriel à l’origine de signaux nerveux qui déclenchent la douleur. La douleur, elle, est la sensation subjective pénible, lancinante ou insupportable venant d’une partie du corps.

Les deux peuvent d’ailleurs être dissociés dans certaines situations. Par exemple, il arrive que les nocicepteurs soient très activés sans qu'il y ait douleur. Qui ne s'est pas coupé sans s'en rendre compte, trop concentré sur une tâche prenante ? De même, une émotion ou un stress intense peuvent nous rendre indolores des blessures pourtant graves (voir l’encadré du récit de David Livingstone).

À l'opposé, une douleur peut être très intense sans activation majeure des nocicepteurs. C’est le mystérieux monde des douleurs neuropathiques.

La douleur n’est pas non plus toujours directement proportionnelle à la gravité d’une maladie. D'une part, certains cancers ne provoquent que peu de douleur jusqu’à ce qu’ils ne soient à un stade avancé. Et d'autre part, des problèmes relativement bénins comme des pierres aux reins peuvent être extrêmement douloureux.

La douleur, de par sa nature complexe et éminemment subjective, échappe donc à toute définition trop formelle. L'Association Internationale pour l'Étude de la Douleur (IASP) s’y est tout de même risqué en la décrivant comme « une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable liée à des lésions tissulaires réelles ou potentielles ou décrites en termes de telles lésions. » Cette définition vague à souhait tend à donner raison au médecin qui disait que la douleur est finalement « n’importe quoi identifié comme tel par le patient »…

La définition de l’IASP attire tout de même l’attention sur le fait que la douleur possède deux composantes, l’une sensorielle, et l’autre émotionnelle.

La composante sensorielle, elle la partage avec les autres modalités sensorielles classiques (vision, audition, toucher, gustation et olfaction). C’est l’aspect discriminatoire qui permet à toute modalité sensorielle d’identifier la localisation et l’intensité d’un stimulus. Dans le cas de la douleur, il met en jeu les cortex sensoriels primaires et secondaires.

Mais la douleur a également une composante décrite tour à tour comme émotionnelle, affective ou motivationnelle. Celle-ci implique le cortex cingulaire antérieur et l’insula. C’est ce qui nous fait ressentir subjectivement un inconfort et nous pousse à faire quelque chose pour l’arrêter, le réduire ou le fuir.

Car personne n’aime avoir mal. Cela dit, il faut bien admettre que la douleur est quelque chose de précieux. Il existe de rares individus nés avec un déficit de la sensation douloureuse (voir l’encadré). Ceux-ci vivent avec le risque permanent de s'autodétruire puisqu'ils ne réalisent jamais quand ils se font mal. Leur espérance de vie est d’ailleurs considérablement réduite.

La douleur a donc une fonction protectrice que l’on peut décliner en quatre points:

- La douleur agit comme un système d’alarme, un système protecteur qui nous signale un danger pour l’intégrité du corps et nous incite à faire quelque chose pour prévenir des dommages sérieux ; si l’on touche un rond de cuisinière allumé par mégarde, un réflexe de protection nous la fait retirer immédiatement pour éviter la brûlure.

- La douleur permet de ne pas empirer une blessure en nous portant à immobiliser la partie du corps blessée, par exemple une cheville foulée.

- Les expériences douloureuses nous apprennent également à éviter à l’avenir les situations dangereuses ou à ne pas répéter un comportement risqué ayant causé des blessures.

- Enfin, la douleur favorise la guérison puisqu’une personne souffrante aura tendance à rester tranquille et à se reposer.

Si l’évolution a fait en sorte que la douleur est un signal que l’on ne peut pas ignorer, c’est loin d’être pour nous tourmenter inutilement. Aussi paradoxal que cela puisse paraître à première vue, c’est pour assurer notre bien-être et, bien souvent, nous sauver la vie. Par conséquent, c’est parfait ainsi… sauf quand la douleur se dissocie de son objectif et devient une maladie chronique.

 

On n’observe pas toujours de corrélation entre l’intensité de la douleur et l’importance de la lésion. Par ailleurs, un même stimulus douloureux ne provoquera pas la même réaction chez différentes personnes. Et une personne donnée peut même réagir très différemment à un même stimulus douloureux, au fil des jours, des mois ou des années. Si notre expérience subjective de la douleur varie ainsi, c’est que de nombreux facteurs influencent sa perception.

* * *

Il y a d’une part des facteurs biologiques ou génétiques comme le sexe de la personne, le taux de certaines de ses hormones ou sa capacité de réponse au stress.

On sait par exemple que le seuil de la douleur varie chez la femme en fonction de son cycle menstruel. Plusieurs études ont aussi démontré que le seuil de tolérance à la douleur des femmes est inférieur à celui des hommes. Des données anatomiques allant en ce sens ont même été publiées : la peau des femmes présente une densité de fibres nerveuses cutanées presque deux fois supérieure à celle des hommes. Pas étonnant dans ces conditions que les femmes ressentent plus rapidement la douleur.

De plus, l'hormone mâle, la testostérone, aide à masquer le sentiment d'inconfort de la douleur. Plusieurs chercheurs pensent que dans une perspective évolutive, une sélection en ce sens aurait favorisé les mâles en compétitions pour une femelle à poursuivre le combat contre un autre mâle malgré les blessures.

Mais tout n’est pas si simple, puisqu’en avril 2004, dans la revue Pain, des chercheurs de l’Université McGill ont démontré que des douleurs soutenues de bas niveau pourraient être davantage anxiogènes pour les hommes, et ce, même si les femmes ressentent la douleur plus intensément que les hommes.

* * *

Des facteurs culturels influencent également la perception de la douleur. Les convictions philosophiques ou religieuses, en représentant la douleur comme une épreuve, un châtiment, un mal nécessaire ou une fatalité, vont avoir un effet certain sur la façon dont elle est vécue.

Un individu élevé dans une famille ou une culture où l’on enseigne à “serrer les dents et à endurer” ou à “prendre son mal en patience” manifestera ainsi moins d’inconfort qu’un autre qui concentre son attention sur sa douleur. On a vu, en Afrique orientale, des gens être trépanés sans anesthésie, au milieu de la brousse, et ne manifestant aucune douleur.

Parmi ces exemples extrêmes, on peut citer le cas des Tamouls originaires de l’Inde qui célèbrent chaque année en Malaisie la fête de Thaipusam. Ce rassemblement donne lieu à des manifestations au cours desquelles les participants rivalisent en se mutilant. Et pourtant, aucun signe de douleur n’apparaît sur leur visage.

* * *

La perception subjective de la douleur est aussi grandement influencée par une multitude de facteurs cognitifs ou psychologiques. Certains sont reconnus pour augmenter notre perception douloureuse, comme le stress ou la dépression, alors que d’autres vont systématiquement l’amoindrir, comme une attitude optimiste et sereine.

Parmi les facteurs cognitifs qui amplifient la douleur, la détresse et l’anxiété sont parmi les plus fréquents. Dans une étude de 1985, Gerry Kent note que les personnes se considérant anxieuses sont celles qui ont rapporté les plus hauts niveaux de douleur immédiatement après leur sortie de chez le dentiste. Trois mois plus tard, ces personnes évaluaient la douleur éprouvée lors de cette visite comme étant quatre fois supérieure à leur évaluation initiale, tandis que les personnes peu anxieuses rapportaient alors des niveaux inférieurs au double de l’évaluation initiale.

D’autres études ont démontré qu’un autre facteur qui peut augmenter grandement la douleur, c’est simplement l’attention qu’on lui porte ou que notre entourage lui porte. Ainsi, des parents démontrant de l’empathie lorsque leur enfant atteint d’une maladie de peau se gratte (chose qu’on leur a dit d’éviter) font en sorte que ces enfants vont se gratter davantage qu’avec des parents qui n’y portent pas attention. Même chose pour les hommes qui savaient que leur épouse compatissante était témoin, derrière un miroir sans tain, d’une entrevue sur leurs sensations douloureuses: ceux-ci les évaluaient alors à la hausse.

Du côté des facteurs cognitifs qui peuvent diminuer nos perceptions douloureuses, la simple distraction a mainte fois prouvé son efficacité. Expérimentalement, on a ainsi démontré que le seul fait d’écouter des sons durant l’application d’un stimulus douloureux diminue la perception subjective de cette douleur. Effet constaté également par imagerie cérébrale au niveau des régions du cerveau impliquées dans le traitement de la douleur dont l’activation décroît durant les sons.

Dans la vie courante maintenant, les exemples d’atténuation de la douleur par la distraction sont légion. Qui ne s'est pas coupé sans s'en rendre compte, obnubilé par l'exécution d'une tâche prenante ? Alors que la même coupure, faite à froid sous nos yeux, provoquera une douleur vive accompagnée de cris ou de gémissements.

Les cas sont également nombreux de sportifs recevant des coups violents durant leur match et poursuivant tout de même jusqu’à la fin de la rencontre… pour s’apercevoir ensuite qu’ils ont joué avec un doigt ou une cheville brisée.

Et que dire des nombreux cas de soldats sur le champ de bataille ne manifestant qu’une douleur minime pour leurs blessures graves. L’émotion positive associée au fait que la guerre est alors terminée pour eux n’est sûrement pas étrangère à ces exemples spectaculaires de contrôle descendant de la douleur.

Ce phénomène a été investigué de manière plus systématique en comparant des civils et des militaires atteints de blessures comparables. Les civils réclamaient plus fréquemment des médicaments et leur plainte était beaucoup plus intense que celle exprimée par les militaires. On peut imaginer en plus que pour un non militaire, telle blessure peut être synonyme d’un arrêt de travail prolongé, d’une perte de revenu, de mobilité, etc.

La signification que la personne attribue à sa douleur peut donc aussi en influencer l’intensité perçue. Quand une personne trouve une signification positive à sa douleur (réflexion existentielle, temps d’arrêt pour écrire, pour rester à la maison avec les enfants, etc.), cela a des effets bénéfiques sur la perception de son intensité.

Lien : Pain and prejudiceLien : Why Do Some People Have Higher Pain Thresholds Than Others?Lien : How Does Chronic Pain Differ In Men And Women?Expérience : Reducing Pain by Shifting AttentionExpérience : Cerebral and spinal modulation of pain by emotionsLien : Why the #$%! Do We Swear? For Pain ReliefLien : Ashes to ashes , dust to dust (1)Lien : The Genetics Of Pain And Analgesia: From Molecules To Mice
Lien : Brain Imaging Confirms That People Feel Pain DifferentlyLien : Drug-free Treatments Offer Hope For Older People In PainLien : Pain May Be in the Brain, But It's Still RealLien : Distorting the body image affects perception of painLien : Social factors may deepen chronic painLien : Anthropologie de la douleurLien : La douleur a-t-elle un sens ?Outil : La sélection sexuelle et la théorie de l’investissement parental

 

Outre l’inflammation, le spasme musculaire est un autre aspect du processus de guérison qui peut provoquer de la douleur.

Contrairement à la crampe qui est une contraction musculaire involontaire, douloureuse et de courte durée, le spasme musculaire est une crampe qui peut durer des jours et des jours, voire des années.

À l’origine du spasme, il y a donc un mécanisme protecteur : à la suite d’un coup, d’une chute ou d’une activité inhabituelle sans réchauffement, un muscle se contracte afin d’immobiliser la région lésée. Cette fonction utile d’attelle ou de plâtre naturel peut cependant devenir nuisible lorsqu’elle persiste. Car une contraction musculaire qui ne se relâche pas normalement amène une mauvaise circulation sanguine et une congestion douloureuse. Celle-ci, en retour, rend la contraction du muscle encore plus rigide et douloureuse. Le cercle vicieux du spasme est alors établi.

Le torticolis en est un exemple classique. Le spasme des muscles larges du cou affecte habituellement un côté plus que l'autre, de sorte que la personne est obligée de garder la tête tournée dans une direction particulière. La plupart du temps, les spasmes musculaires se manifestent d’ailleurs au niveau du dos, de la nuque jusqu’à la région lombaire.

Lien : Muscle spasms and cramps Lien : Muscle Spasm
     
Liens
Lien : L’effet placeboLien : I think, therefore I cureLien : Overt versus covert treatment for pain, anxiety, and Parkinson's diseaseLien : Placebo Consciousness
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Outil : Les questions éthiques soulevées par l’effet placeboLes questions éthiques soulevées par l'effet placebo
Outil : L'anasthésie et l'analgésie L'anasthésie et l'analgésie

Controverse et effet placebo : même dans les sondages !

Le neurobiologiste qui a découvert qu’il était psychopathe

Des croyances qui ont des conséquences bien réelles sur le corps

Une première étude d’imagerie cérébrale sur les effets du LSD

Les biais cognitifs sont humains, les scientifiques aussi, donc…

Quand changer de pièce nous fait oublier ce qu’on allait y faire

« La cognition incarnée », séance 12 : Influences émotionnelles de l’environnement social (complémentarité du système nerveux, hormonal et immunitaire)

Trois séances sur le cerveau à l’UPop Montréal prochainement !

Le « corps-cerveau » sous toutes ses coutures

« La communication du médecin avec le patient est ce qui se rapproche le plus de la magie. Cela se fait de manière incroyablement subtile – une étincelle dans le regard, un sourire, une tape dans le dos. »

- Daniel Moerman

Chercheur : Dan Moerman

Un placebo pur est un composé pharmacologiquement inerte prescrit dans un contexte thérapeutique, généralement du lactose placé dans une gélule, ou du sérum physiologique, en cas d’injection. Par extension, on parle aussi de chirurgies placebo (où seules des incisions sont faites sur la peau) ou de thérapies placebo (où l’on simule par exemple un traitement en acupuncture).

Un placebo impur est un médicament commercialisé, mais qui n’a pas démontré son efficacité thérapeutique dans un domaine donné. Par exemple des produits commercialisés avec une indication précise, mais détournés de leur usage normal. La vitamine C est sans aucun doute efficace contre le scorbut, conséquence d’une carence en cette vitamine, mais n’a pas d’effets prouvés sur la grippe, la fatigue, le rhume et a fortiori la prévention du cancer.

Lien : Acide ascorbique, vitamine C, et cancerLien : Seeing the results of surgery improves outcome

La procédure dite « en double aveugle » permet de contrer l’influence, parfois même inconsciente, que pourrait avoir le médecin sur ses patients s’il connaissait la nature du médicament qu’il leur donne (substance active ou placebo). On y parvient de différentes façons, en demandant par exemple à une personne autre que le médecin de déterminer qui recevra quoi, et de garder cette information cachée pour le médecin tout au long du protocole.

De cette façon, non seulement le patient ne sait pas ce qu’il reçoit, mais le médecin ne sait pas non plus ce qu’il donne, ce qui l’empêche ainsi d’influencer le patient de quelque façon que ce soit. L’information sur l’attribution des placebos demeure également cachée durant toutes les procédures de mesure des effets physiologiques, et c’est seulement à la fin de l’expérience, lors de l’analyse des résultats, qu’elle est dévoilée.

Pour des raisons d'éthique, les patients qui participent à ce type de tests pharmacologiques sont informés qu’il est possible qu’ils reçoivent un placebo à la place du médicament.

Lien : Les essais de médicaments

Lors de tests cliniques, les effets indésirables du médicament à l’étude donnent parfois des indices aux expérimentateurs sur les patients qui en ont réellement pris versus ceux qui ont eu un placebo. Indices qui peuvent ainsi invalider le contrôle en double aveugle (voir l’encadré ci-haut).

Pour éviter ce biais, les chercheurs ont parfois recours à un « placebo actif », c’est-à-dire une substance produisant les mêmes effets indésirables que le médicament à tester, mais sans contenir la molécule active du médicament. Il devient alors beaucoup plus difficile de démasquer les patients ayant reçu un tel placebo actif.

L'atropine est un exemple de substance utilisée comme placebo actif. Il s’agit d’une molécule qui se fixe aux récepteurs muscariniques de l'acétylcholine, provoquant des symptômes telles une sécheresse de la bouche, de la constipation ou une élévation de la température corporelle.

L'EFFET PLACEBO
DIFFÉRENTS TYPES DE DOULEUR

Les pensées que génère notre cerveau peuvent avoir des effets sur le fonctionnement de notre organisme. Ces interactions entre pensée, cerveau et corps ne sont plus remises en cause par la communauté scientifique, comme en fait foi un domaine de recherche comme la psycho-neuro-immunologie.

On connaît par exemple très bien les effets néfastes sur la santé d’un état mental comme le stress chronique. Mais se sentir oppressé par des événements extérieurs, sans pouvoir les fuir ou les combattre, n’est pas la seule situation où nos pensées peuvent avoir des conséquences bien concrètes sur notre corps. L’effet placebo en est un autre. Mais contrairement au stress, les pensées ont ici un effet bénéfique sur le corps.

Du latin « je plairai », le terme placebo vient des protocoles visant à tester de nouveaux médicaments. Lors de ces tests pharmacologiques, on compare toujours deux groupes de patients pour voir si le médicament est efficace : un premier groupe qui reçoit le médicament, et un autre groupe qui reçoit une pilule en tout point semblable, mais ne contenant pas la molécule active du médicament. C’est ce comprimé inerte (souvent une simple pilule de sucre) que l’on nomme placebo et que l’on donne pour « plaire » au patient, pour lui donner l’impression qu’il reçoit lui aussi un véritable médicament.

Si la comparaison des mesures effectuées sur les deux groupes montre ensuite une différence significative en faveur du groupe qui a reçu le médicament, alors on peut affirmer que celui-ci a un réel effet physiologique. C’est seulement en procédant ainsi, avec un groupe contrôle placebo, que l’on peut voir au-delà de certaines variations aléatoires qui sont inévitables au sein de chaque groupe. Variations que l’on pourrait prendre pour des effets spécifiques du médicament si on ne le testait que sur un seul groupe de patients.

Mais voilà qu’en appliquant ce protocole, on s’est aperçu d’un phénomène pour le moins surprenant : la substance considérée comme inerte avait parfois des effets bénéfiques en rapport avec les effets « attendus » de l’administration du médicament. En d’autres termes, les patients qui croyaient avoir pris le médicament, mais n’avaient eu que du sucre, allaient mieux ! Cet étrange effet reçut donc le nom « d’effet placebo ». Et il est particulièrement efficace pour atténuer la douleur.

L'effet placebo se fonde donc sur une tromperie, mais une tromperie qui démontre justement le pouvoir de la pensée de la personne trompée sur son propre corps. Tromperie, ou plutôt, auto-tromperie, car tout part de la conviction du patient que le traitement qui lui est administré sera efficace.

L’effet placebo pourrait même débuter dès l’entrée dans le bureau du médecin. En effet, on sait maintenant que parmi tous les facteurs influençant l’effet placebo, la relation de confiance qui s’établit avec le thérapeute est l’un des facteurs le favorisant le plus.

Un phénomène qui a causé bien des maux de tête aux chercheurs en pharmacologie pour qui l’effet placebo fut longtemps considéré comme une nuisance toujours susceptible de fausser les tests sur les nouveaux médicaments. Ils y répondirent dans un premier temps en instaurant la procédure du double aveugle (voir l'encadré ci-contre). C’est seulement dans un deuxième temps qu’on a réalisé toute la portée et le potentiel de cet effet qui se manifeste autant chez les malades que chez les sujets sains (voir l’encadré ci-bas).

Depuis, d’innombrables études ont démontré que l’effet placebo pouvait atténuer plusieurs types de douleur et les symptômes de nombreux maux en modifiant concrètement l’activité du cerveau.



Le diagramme ci-haut permet de comprendre pourquoi l’on désigne souvent l’effet placebo comme une « prime médicamenteuse » qui, en s’ajoutant chez environ un malade sur trois aux effets spécifiques de l’ingrédient actif d’un médicament, peut augmenter considérablement l’efficacité de celui-ci. L’effet placebo participe donc quotidiennement aux résultats thérapeutiques de tout médecin.

On peut d’ailleurs réussir à soustraire cet effet placebo non spécifique de l’effet spécifique du traitement par l’administration cachée du médicament.

 

Selon la nature des maux étudiés avec un placebo, le pourcentage de patients qui démontre un effet placebo est très variable. Il va virtuellement de personne à tout le monde, avec le tiers des patients comme une moyenne souvent évoquée.

Citons par exemple l’étude d’un tranquillisant où 10 à 20 % des patients n’ayant reçu qu’un placebo ont subi des effets secondaires négatifs. Appelés « effet nocebo », ceux-ci sont l’effet inverse de l’effet placebo, mais qui découlent de la même conviction d’avoir reçu un véritable médicament. Autre exemple : 30 % des individus ayant reçu le placebo correspondant à une nouvelle chimiothérapie ont perdu leurs cheveux.

Mais le pourcentage de réponse au placebo dépasse souvent le tiers des patients. Ainsi, une analgésie a été constatée chez 39 % de personnes ayant reçu un placebo après l’extraction de dents de sagesse et de 56 % chez des personnes ayant eu une application de chaleur sur la peau de leur main gauche. Chez les patients avec une dépression sévère, le taux de réponse au placebo est environ de 30 %, mais peut monter aussi haut que 70% dans le cas de dépression légère. Enfin, lors d’une étude des effets analgésiques d’un placebo en fonction du prix fictif de la pilule présentée au patient, 61 % d’entre eux ont affirmé que la douleur était moindre avec la pilule à bas prix contre 85 % pour la pilule à prix élevé, ce qui montre bien la sensibilité de l’effet placebo à certains facteurs.

Quant à savoir quel pourcentage des effets des médicaments actifs le placebo atteint-il généralement, on parle en moyenne d’environ 55% des effets d’antalgiques comme l’aspirine ou la morphine. Dans le cas de la dépression, de nombreuses études sur les antidépresseurs tricycliques ont montré une efficacité du placebo d’environ 59 % de celui du médicament. Les pourcentages pour les placebos aux traitements contre l’insomnie se situent également entre 55 et 60 %.

Un dernier exemple avec les deux types de statistique : dans une étude sur l’effet antalgique de la morphine, 75 % des patients ayant reçu cette substance ont dit ressentir une réduction de 50 % de leur douleur, tandis que 36 % de ceux qui avaient reçu un placebo ont dit avoir ressenti une diminution de la douleur qu’ils évaluaient eux aussi à 50%.

Ces résultats montrent par ailleurs un fait important, à savoir que si ce n’est pas tout le monde qui répond à l’effet placebo, ce n’est pas non plus tout le monde qui répond au médicament actif ! Le corps humain est d’une grande complexité…

Lien : The Power of Mind and the Promise of Placebo


Une étude désormais classique publiée par B. Blackwell en 1972 montre que l’effet placebo se manifeste clairement chez le sujet sain, en l’occurrence ici des étudiants en médecine. Ces 56 étudiants avaient accepté de se soumettre à une expérience qui portait, leur disait-on, sur les effets d’une prise unique d’une drogue stimulante ou sédative.

Les étudiants furent donc répartis en quatre groupes différents et l’on demanda au premier groupe de prendre une pilule sédative bleue, au second deux pilules sédatives bleues, au troisième une pilule stimulante rose, et au quatrième deux pilules stimulantes roses. Ce que les étudiants ignoraient, c’est qu’en réalité toutes les pilules étaient des placebos qui ne contenaient que des ingrédients inertes.

Or parmi les étudiants qui avaient reçu les placebos «sédatifs», plus des deux tiers rapportèrent se sentir somnolents, et ceux qui avaient pris deux de ces pilules bleues se sentaient plus somnolents que ceux qui n’en avaient pris qu’une seule. Et inversement, une large proportion des étudiants qui avaient pris les placebos «stimulants» rapportèrent se sentir moins fatigués.

En outre, environ le tiers des participants, tous groupes confondus, se plaignirent d’effets secondaires comme des maux de tête et des vertiges. Et encore une fois, l’effet ressenti était proportionnel à la dose de placebo reçu, c’est-à-dire plus sévère, chez ceux qui avaient reçu deux pilules. Seulement 3 des 56 étudiants affirmèrent n’avoir ressenti aucun effet appréciable suite à l’ingestion des pilules.

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