Capsule outil: La sélection sexuelle et la théorie de l’investissement parental

La sélection sexuelle est une forme si particulière de la sélection naturelle qu’on la décrit souvent comme un mécanisme distinct. Elle survient dans les espèces où les deux sexes sont bien différenciés et où les individus entrent en compétition pour attirer ceux de l’autre sexe.

Au contraire de la sélection naturelle, la sélection sexuelle ne met pas en jeu la survie immédiate de l’individu mais plutôt sa capacité à laisser plus ou moins de descendants. La sélection sexuelle favorise souvent le développement d’attributs sexuels secondaires comme le plumage extravagant de certains oiseaux.

La queue du paon fascinait déjà Darwin qui se demandait comment la sélection naturelle à elle seule pouvait avoir donné lieu à une queue si grande qu’elle en vient presque à menacer la survie de l’oiseau par son poids. Darwin en vint donc à proposer que la pression sélective exercée par les femelles à la recherche de partenaires mâles démontrant le plus de santé et de vigueur pouvait être à l’origine de la queue du paon. Depuis, celle-ci est devenue l’archétype de la sélection sexuelle.

La sélection sexuelle est reconnue pour opérer principalement de deux façons. D’une part, avec la sélection intersexuelle, les femelles et les mâles cherchent le partenaire aux attributs les plus attirants. Cet attribut peut être physique (la queue du paon) ou comportemental (les danses nuptiales).

Et d’autres part, la sélection intrasexuelle qui favorise une compétition entre les individus de même sexe. Ce sont par exemple les mâles qui vont se battre entre eux pour l’obtention d’une femelle. C’est aussi les hiérarchies de dominance qui s’établissent chez plusieurs espèces et qui donnent un accès prioritaire aux individus du sexe opposé.

Une autre notion importante est celle d’investissement reproducteur qui désigne le temps et l’énergie utilisés par un animal pour se reproduire. Encore ici, il est utile de distinguer l’investissement sexuel (" mating effort "), qui est l’énergie consacrée à rechercher et à conquérir un partenaire où à se battre pour éloigner des rivaux, et l’investissement parental (" parental effort "), qui est le temps et l’énergie investis dans l’élevage des jeunes ainsi que les risques encourus par les parents pour les protéger.

De nombreux facteurs, variables selon les espèces, contribuent à déterminer quel sexe aura le plus lourd investissement parental. Mais comme dans plusieurs cas l’investissement parental est plus grand chez la femelle (un seul ovule produit à la fois, grossesse, allaitement, etc.), on observe des stratégies comportementales typiques et fort différentes entre mâles et femelles en ce qui concerne le choix du partenaire.

Darwin avait déjà observé cette tendance qui s’est confirmé maintes fois par la suite : les mâles recherchent souvent à avoir simplement le plus de femelles possible alors que les femelles cherchent longuement le meilleur pourvoyeur avant de s’accoupler.

En 1972, Robert Trivers a systématisé ces observations et en a conclu que le sexe qui investit le plus dans les jeunes va évoluer pour être plus sélectif dans le choix de son partenaire. À l’opposé, le sexe qui a un investissement parental moindre va développer un tempérament plus compétitif et se montrera plus opportuniste dans le choix de ses partenaires.

Plusieurs psychologues évolutifs comme David Buss ont réalisé des études qui tendent à montrer que ce phénomène serait encore présent chez l’espèce humaine. Buss montrent entre autre que les femmes accordent plus d’importance aux perspectives financières de l’homme (homme riche), à son statut social (statut élevé) et préfèrent des hommes plus âgés qu’elles. Ainsi, ils peuvent mieux contribuer à l’investissement parental et au succès de la descendance.

De leur côté, les hommes préfèrent des femmes plus jeunes qu’eux ( l’âge est indicateur de fertilité), donnent plus d’importance à la beauté physique (indicateur de santé) et à la forme du corps (le rapport taille-hanches doit être inférieur à 0.7, indicateur de fertilité).

Bien entendu, le cortex humain, générateur et assimilateur de culture, vient ajouter d’autres critères à nos choix de partenaire. Mais ces prédispositions issues de notre héritage évolutif sont souvent encore décelables dans nos comportements.

 

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Lien: Livre : Pourquoi les femmes des riches sont belles Recherche: In conversation with David Buss Lien: Evolutionary Psychology Lecture 4: Reproductive Strategies Lien: More Science About Lonely Hearts Lien: THE MATING MIND: HOW SEXUAL CHOICE SHAPED THE EVOLUTION OF HUMAN NATURE Lien: STRATEGIES OF REPRODUCTION: THE EVOLUTIONARY FOUNDATIONS OF SEX ROLES
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