Les femmes sont avantagées
en ce qui concerne plusieurs aptitudes verbales, comme par exemple la fluidité
qui permet de dire le maximum de mots ou de phrases dans un temps limité.
De plus, les troubles du langage sont plus fréquents chez les garçons,
peu importe le type d’éducation reçu. Par exemple, 4 fois
plus de garçons que de filles souffrent de bégaiement,
de dyslexie
ou d’autisme.
Sleon une édtue de l'Uvinertisé
de Cmabrigde, l'odrre des ltteers dnas un mtos n'a pas d'ipmrotncae, la suele
coshe ipmrotnate est que la pmeirère et la drenèire soit à
la bnnoe pclae. Le rsete peut êrte dnas un dsérorde ttoal et vuos
puoevz tujoruos lrie snas porlblème. C'est prace que le creaveu hmauin
ne lit pas chuaqe ltetre elle-mmêe, mias le mot cmome un tuot.
Vous êtes outré du nombre de coquilles dans le paragraphe précédent
? Cela vous empêche peut-être de constater à quel point votre
cerveau travaille bien puisque que vous avez tout de même réussi
à le lire et à en comprendre le sens !
LES LIENS ENTRE PENSÉE ET LANGAGE
Tous les êtres vivants
communiquent. En fait, dès que deux animaux sont en présence, des
signes visuels, auditifs ou olfactifs vont de l’un à l’autre
et créent des images mentales qui s’inscrivent dans leur système
nerveux. Chaque animal se construit ainsi une représentation du monde auquel
il répond par
un comportement adapté.
Certaines
espèces communiquent par des codes gestuels (par exemple la « danse
» des abeilles), d’autres par des codes sonores comme les primates
qui utilisent leurs cordes vocales pour produire différents signaux sonores.
Contrairement aux signaux visuels, les sons ont l’avantage de pouvoir être
perçus la nuit ou sur de longues distances.
Le
langage humain, qui utilise lui aussi des sons, n’est donc qu’une
forme de communication parmi d’autres. Mais une forme très sophistiquée.
Car parler, c’est convenir arbitrairement qu’une série de sons
désigne une chose. Le gros avantage comparé aux grognements et aux
cris, c’est que cette association précise entre un objet et une combinaison
de sons arbitraires permet de désigner l’objet même quand il
n’est pas là !
Et pour que cette convention arbitraire fasse
sens, il faut que le groupe humain passe une convention. Chacune
des différentes langues parlées sur la terre constitue donc
un ensemble de conventions établissant des équivalences entre des
sons et des choses. On peut donc dire que l'usage d’un langage articulé
est le propre de l'espèce humaine : on ne connaît pas de société
sans langage, ni de langage chez d’autres espèces que chez l’humain.
L’une des fonctions
les plus spécifiques du cerveau humain est donc la production et la compréhension
du langage. Un perroquet peut imiter les sons du langage humain mais ne communiquera
jamais de concepts abstraits avec ces sons. De même, les tentatives pour
en apprendre les rudiments aux grands singes ont connu des résultats plutôt
limités (voir capsule expérience à gauche).
Quelle est alors le lien entre
pensée et langage chez l’être humain ? Pensons-nous vraiment
toujours avec le langage ? Si c’est le cas, pourquoi est-ce souvent si difficile
d’exprimer clairement notre pensée ? Est-ce alors possible qu’une
langue donnée prédispose les individus qui la parle à penser
d’une certaine manière ? Et qu’en est-il des sourds qui utilisent
le langage des signes, pensent-ils intérieurement à l’aide
de ces signes ?
Des études démontrent
que certaines difficultés de communication dans la vie de couple proviendraient
du fait que les hommes et les femmes utilisent le langage à des fins différentes.
Par conséquent, chaque sexe interprète ce que dit l’autre
selon ses propres critères, ce qui occasionne des malentendus.
Ainsi, le fait que les hommes sont naturellement moins loquaces que les femmes
dans l’intimité ne doit pas être pris pour un signe de rejet
ou d’indifférence par les femmes. Pas plus que le besoin d’échange
des femmes ne doit être perçu comme une façon de contrôler
la relation par les hommes.
Autre cas de figure classique : alors que
la femme veut simplement discuter de ses problèmes, l’homme cherche
immédiatement une solution. Certains ont même comparé le degré
de difficulté de la communication dans un couple à une communication
interculturelle !
Les enfants qui apprennent à
parler ne maîtrisent pas tout de suite toutes les subtilités des
mouvements articulatoires. Les «seval» (cheval), les «zouets»
(jouets) et les «abes» (arbres) sont alors monnaie courante et tout
à fait normaux lorsqu’ils apparaissent dans le langage d’un
enfant de moins de cinq ans.
Quelle est la part de l’innée
et de l’acquis dans l’acquisition du langage ? Il apparaît d’abord
évident que le langage n’est pas complètement génétique.
Les être humains parlent un
grand nombre de langues différentes et un très
jeune enfant peut apprendre sans difficultés n’importe quelle langue
s’il y est exposé assez jeune. Mais l’inverse n’est pas
moins vrai : l’enfant ne peut apprendre aucune langue s’il n’y
est exposé durant une
période critique très précise déterminée
par les gènes. On connaît aussi plusieurs autres caractéristiques
linguistiques universelles inhérentes au langage ou à son apprentissage.
Par conséquent, comme c’est souvent le cas avec le comportement humain,
la véritable nature du langage est une combinaison de la nature et de la
culture.
APPRENDRE UNE LANGUE
Contrairement à
l’acquisition de la marche, dont on peut retenir la date précise
où l’enfant lâche la main de l’adulte, l’avènement
du langage est progressif et s’étale sur plusieurs années.
Il n’en tient pas moins du « petit miracle » quotidien, à
mesure que le discours de l’enfant devient riche et articulé.
Pour comprendre comment se construit un être parlant, il faut remonter
à la mise en place de ses sens qui commence dès les premières
semaines de développement (voir capsule expérience à gauche).
Car c’est par les sens que se construiront ses premières représentations
du monde, lesquelles seront ensuite raffinées par le langage.
Après la naissance, la
mémoire de l’enfant se développe et contribue à
affranchir l’enfant de « l’ici et maintenant » du monde
des sensations. Il découvre alors les souvenirs des événements
gratifiants ou déplaisants et comment il peut agir sur le psychisme d’autrui
pour retrouver
les sensations plaisantes et éviter les déplaisantes. Il le
fait d’abord avec son répertoire d’expressions faciales, de
cris et de babillages. C’est ce qu’on appel les stades pré-linguistiques
qui correspondent, en gros, à la première année de vie de
l’enfant.
Les enfants ne franchissent pas tous les mêmes
étapes au même âge. Mais quelques repères indicatifs
ont pu être déterminés.
Durant les deux premiers
mois de la vie, l’enfant n’émet que des vocalisations
réflexes ou quasi-réflexes où se mêlent cris et sons
végétatifs (bâillements, soupirs, etc).
Vers
3 mois, le langage de l’enfant se résume à
des gazouillis constitués de sons produits de manière non spécifique.
Les premières syllabes archaïques ainsi produites par l'enfant sont
liées à l'émergence du sourire, premier indice de la communication
sociale.
Entre 3 et 8 mois, le babillage rudimentaire
de l'enfant l’amène à jouer avec sa voix, à produire
des sons très graves et très aigus, des hurlements ou des murmures.
Entre 5 et 10 mois apparaît ce qu’on appelle
le babillage canonique. Il s’agit du point culminant du développement
pré-linguistique. L’enfant possède alors les ingrédients
de la future organisation langagière, c’est-à-dire des syllabes
bien formées de type consonne-voyelle : /bababa/, mamama/, /papapa/, /tabada/,
etc.
Vers 6-8 mois, les enfants commencent aussi à
acquérir des éléments prosodiques (mélodiques et rythmiques)
spécifiques à la langue de leur environnement. Les consonnes et
les voyelles du babillage canonique commencent alors à refléter
certaines spécificités de la langue de leur pays. C’est à
cet âge, par exemple, que le petit japonais va cesser de distinguer
le « r » et le « l ».
Entre 7 et
12 mois, l’enfant comprend des ordres simples et familiers accompagnés
d’un geste. C’est aussi la période du babillage mixte : les
enfants commencent à produire des mots à l'intérieur du babillage.
Vers 11-13 mois, tous les sons que l'enfant produit
appartiennent à sa langue maternelle. Il utilise de plus en plus fréquemment
les gestes et les changements d'intonation pour donner du sens à ses "proto-mots".
Progressivement, ces gestes qui soutiennent les proto-mots vont s’estomper
et laisser place à des étiquettes
sonores que comprend son entourage: les mots.
Juste avant les
premiers mots cependant, une étape décisive doit être
franchie : celle du «pointer du doigt». En effet,
jusqu’à 10 mois environ, un bébé coincé
dans sa chaise haute manifestera son désir de s’approprier un objet
éloigné par un geste du bras, la paume ouverte vers le bas, et une
grande agitation. Le tout accompagné d’intense vocalises et de regards
orientés successivement vers l’objet et vers la mère.
Mais entre 11 et 13 mois, son
attitude change radicalement car l’enfant parvient alors à pointer
son index pour désigner l’objet désiré. Ce simple geste
plante ni plus ni moins quelque chose dans le monde mental de l’autre. En
fait, quand un enfant pointe du doigt, c’est qu’il a compris le principe
de la parole et n’a plus qu’à apprendre à faire certains
« gestes sonores » avec sa bouche et sa langue au lieu de pointer
son doigt. Le pointer de l’index semble donc être un passage obligé
vers
les premiers mots (même si tous les enfants qui le font n’accèdent
pas nécessairement au langage).
Les enfants dysphasiques accusent
généralement assez tôt un retard sur
les étapes normales de développement du langage.
Ils resteront par exemple silencieux la première année de leur vie,
ne diront pas encore de vrais mots (papa, maman…) à 18 mois, ne diront
pas de phrases de 2 - 3 mots à 2 ans ou ne commenceront pas à poser
des questions avec « pourquoi » vers l’âge de 3 ans.
Si on a longtemps parlé de
«centres de la parole» pour désigner les régions du
cerveau impliquées dans le langage, on les considère aujourd’hui
davantage comme des relais d'un réseau. Ceci expliquerait d'ailleurs comment
il se fait que certaines fonctions se rétablissent alors que leur
supposé «centre» a été détruit.
Quatre personnes aphasiques sur
cinq sont des hommes ! Le cerveau des femmes semble donc avoir une organisation
pour le langage qui le rend plus résistant que celui des hommes aux aphasies.
Même lorsque les dommages cérébraux sont comparables, les
femmes s’en tirent généralement avec moins de déficits
langagiers que les hommes.
LES TROUBLES DU LANGAGE
Il est commode de distinguer
parmi les troubles du langage ceux qui apparaissent durant le développement,
ou dysphasies, de ceux qui surgissent suite à une lésion,
ou aphasies.
La dysphasie
est une anomalie du développement du langage lié au mauvais fonctionnement
des régions
du cerveau qui traitent le langage. Les enfants dysphasiques entendent bien
mais sans saisir le sens des mots ou l’ordre du discours. Et quand ils parlent,
ils ont beaucoup de difficultés à se faire comprendre.
Ce déficit est toutefois circonscrit au domaine langagier et l’enfant
fait preuve par ailleurs d’une intelligence tout à fait normale.
Il ne s’agit pas non plus de troubles relationnels puisque les enfants dysphasiques
cherchent à communiquer par tous les moyens, à l'inverse des enfants
autistes par exemple.
En fait, les enfants dysphasiques sont tous ceux
qui ne parlent pas bien sans que l’on sache trop pourquoi ! Et les orthophonistes
qui les traitent ne sont pas loin de penser que chaque cas est particulier.
C’est que les causes de la dysphasie demeurent mystérieuses
et multifactorielles. Il semble y avoir une composante génétique
puisqu’il existe des formes familiales de dysphasie et que les garçons
sont trois fois plus touchés que les filles. Mais l’exposition à
la langue et les interactions précoces pourraient aussi jouer un rôle,
d’où l’appellation de troubles neuro-développementaux
pour désigner les dysphasies.
L'aphasie
est un trouble du langage acquis suite à une lésion survenant à
un moment précis dans la vie d’un individu qui maîtrisait déjà
le langage. Le plus souvent d’ailleurs, l’aphasie n’altère
pas les facultés cognitives, ni l’aptitude à mobiliser les
muscles utilisés dans l’articulation des mots.
La lésion
à l’origine de l’aphasie affecte l’hémisphère
dominant et ses causes peuvent être multiples : un accident vasculaire
cérébral, un traumatisme crânien (accident de la route, chute,
etc), une tumeur cérébrale, un processus dégénératif
("maladie
d’Alzheimer", etc), une infection (encéphalite), etc.
Considérer l'aphasie comme un simple trouble du langage est toutefois
beaucoup trop restrictif. C’est un trouble de la communication qui vient
perturber considérablement les liens qu'entretient un individu avec ses
proches, tant sur le plan personnel, familial que social. De plus, la personne
n’a souvent pas le choix d’abandonner son travail et ses loisirs habituels,
ce qui l’isole socialement encore davantage. La
dépression est aussi une conséquence de l'aphasie
régulièrement rapportée.
Le bégaiement n’est
pas à proprement parler un trouble du langage. C’est un trouble du
débit de l’élocution en situation de communication qui touche
quatre fois plus les garçons que les filles. Le bégaiement émerge
entre deux et cinq ans chez l'enfant qui a hérité d'un système
de parole plus fragile. D’autres deviennent bègues d’un coup,
à la suite d’un choc psychologique comme un décès dans
la famille. En général, les sons surtout affectés par le
bégaiement sont les sons « durs » du type « q »,
« g », « p », etc. Le bégaiement est dit clonique
lorsque l’élément répété est une syllabe
(« je veux pa-pa-pa-pa-pa partir ») et tonique lorsqu’il s’agit
du premier phonème seulement (« je veux p-p-p-p-p partir »)
Le bégaiement disparaît quand la personne chante, récite
un texte ou le lit. En fait, toutes situations qui ne le place pas en situation
de communication spontanée et nécessite une adaptation conséquente
de la prise de souffle. Comme le bégaiement est un problème intimement
relié à la "mécanique de la parole", les personnes
qui bégaient sont sensibles au stress, à la fatigue, aux émotions
et à l'excitation. Enfin, comme le disent certains spécialistes
pour souligner le fait qu’on connaît au fond encore très mal
le bégaiement : « La seule différence entre une personne qui
bégaie et une autre qui ne bégaie pas, c’est que la personne
qui bégaie bégaie ! »