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On a souvent écrit
qu'environ 15 % des gens qui souffrent de dépression
allaient commettre un suicide. Il semble que des études
récentes arrivent à des chiffres plus bas,
soit entre 2 % et 9 % selon que la personne a déjà été
ou non hospitalisée pour sa dépression, et selon
qu'elle a déjà fait ou non une tentative de suicide.
On observe aussi que si environ 7% des hommes ayant vécu
avec la dépression vont finir par se suicider, seulement
1 % des femmes vont s'enlever la vie. |
Des recherches ont montré que
près de 95% des suicidés avaient des déficiences
en sérotonine dans
certaines régions de leur cerveau. De plus, les déficiences
en sérotonine surviennent trois fois plus fréquemment
chez ceux qui planifient le plus rigoureusement leur suicide
et qui, par conséquent, le réussissent le plus
souvent.
Le taux de sérotonine pourrait donc, sans devenir un
facteur de prédiction rigoureux du suicide, servir
à identifier les personnes à risque.
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Le suicide est rarement un choix froidement
raisonné. C’est la plupart du temps une réaction
à des sentiments de solitude, de désespoir, d’inutilité
ou d’abandon d’une grande intensité. Bref, des
symptômes similaires à ceux de la dépression
qui constitue d’ailleurs le principal facteur de risque du
suicide.
La souffrance psychologique qui en résulte
devient ainsi plus grande que les ressources dont dispose l’individu
pour y faire face. Le suicide apparaît alors comme le seul
échappatoire pour fuir cette douleur intolérable.
En ce sens, le suicide encadre deux longs processus : celui qui
a mené la personne à dépérir moralement
et à avoir des idées suicidaires, et celui qui attend
ses proches qui n’ont pas pu lui apporter l’aide nécessaire
et qui en est un
de deuil particulièrement difficile.
Les douleurs et les raisons invoquées par les personnes
suicidaires diffèrent grandement. Ce qui peut sembler
un bien petit drame pour quelqu’un peut être ressenti
comme intolérable pour un autre qui ne partage pas
le même système de valeurs. Se retrouver en chômage
sera ressenti comme une libération pour certains mais
comme une catastrophe pour d’autres. De même,
devant le même drame subi par différentes personnes,
le point à partir duquel la douleur devient intolérable
dépend des ressources que possède chaque individu
pour y faire face.
Avoir des idées suicidaires n’implique donc pas
de signe de faiblesse morale ou de folie. Elles ne signifient
même pas que vous désirez réellement mourir.
Elles révèlent simplement que vous avez actuellement
plus de souffrances que ce qu’il vous est possible de
supporter.
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Il ne suffit donc pas de dire « Allez,
souris ! » à une personne qui vous confie ses idées
suicidaires. Il faut d’abord prendre le temps de l’écouter,
de lui faire voir patiemment une autre façon de considérer
les choses, de l’orienter vers des ressources où elle
trouvera d’autres oreilles attentives à son désarroi.
Comme les personnes suicidaires sont environ
une fois sur deux aussi dépressives, les
traitements efficaces contre la dépression peuvent aussi
s’avérer utiles pour les soulager. Dans l'autre moitié
des cas, c'est souvent l'abus de substances psychotropes qui est
impliqué. Dans environ 20 % des suicides par exemple, l'alcool
est mis en cause.
Mais comme l’ont maintes fois répété
les
philosophes, sociologues, psychologues et psychiatres qui ont réfléchi
sur le suicide, il s’agit d’un phénomène
multidimensionnel. D’abord pour ce qui est des causes de
la souffrance psychique où des facteurs de risques comme
la dépression ou l’abus de drogues se conjuguent à
des crises personnelles, familiales ou sociales pour prédisposer
la personne au suicide. Et ensuite pour le seuil de déclenchement
du comportement suicidaire qui varie suivant l’histoire de
vie d’un individu, sa personnalité et le support social
dont il bénéficie. C’est ce dernier facteur
qui est souvent déterminant et qui fait du suicide un phénomène
à forte composante sociale.
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