Les problèmes
psychiques chez les enfants
et les adolescents, et en particulier la dépression,
sont souvent sous-estimés. Il s’agit pourtant
d’un problème aussi réel pour eux que
pour les adultes, mais qui peut sembler plus bénin
de prime abord parce que ce qui revêt une grande importance
pour les jeunes (faire face aux pressions scolaires, au rejet
par les amis, etc.) peut sembler anodin aux yeux des adultes.
Pourtant, plus de 2% des enfants et de 5 à 10% des
adolescents souffriront de dépressions.
L’enfant sujet à la dépression aura tendance
face à un événement malheureux, à
s’en tenir le seul et unique responsable. Ces enfants
reçoivent généralement un faible soutien
de leur milieu familial.
Il s’agit d’un phénomène préoccupant,
ne serait-ce que parce que la fréquence des tentatives
de suicide chez
l'enfant et l'adolescent est en rapport avec la dépression
dans la plupart des cas. Et ensuite, parce qu’il semble
que la prévention de la dépression chez l'enfant
soit le meilleur moyen de prévenir cet état chez
l'adulte.
En identifiant le plus tôt possible les enfants qui ruminent
des idées négatives, on peut leur éviter
l’état dépressif en leur faisant voir leur
problèmes comme temporaires, en leur apprenant
à voir la réalité sous différents
angles et en ne se donnant pas une part exagérée
de responsabilité.
SYMPTÔMES, TRAITEMENTS ET CAUSES DE LA DÉPRESSION
Les événements
quotidiens et la manière dont nous y réagissons
troublent parfois notre tranquillité d'esprit. Chacun
peut alors traverser des périodes de tristesse, de solitude
ou de malheur qui font partie de la vie normale. Mais lorsque
de tels sentiments se prolongent durant des semaines, voire
des mois, ils peuvent être les signes avant-coureurs
d'une dépression.
On estime que la dépression peut
toucher environ une femme sur cinq et un homme sur dix au cours de
sa vie. Il s’agit donc d’une affection très courante
qui peut perturber énormément le mode de vie d'une
personne et son sentiment de bien-être en l’empêchant
de gérer ses activités normales, son travail
et ses relations.
Les psychiatres considèrent généralement qu'une personne
souffre d'une dépression quand elle présente
au moins 5 des symptômes suivants,
presque tous les jours pendant au moins 2 semaines.
Humeur déprimée une grande
partie de la journée, presque tous les jours
Absence d'intérêt ou de plaisir pour
la quasi totalité des activités quotidiennes
Perte ou augmentation du poids ou de l'appétit
Insomnie ou sommeil excessif
Agitation (par exemple torsion des mains) ou lenteur
des mouvements
Fatigue ou perte d'énergie
Sentiments d'inutilité ou de culpabilité
excessive
Indécision ou difficulté à
penser ou à se concentrer
Idées récurrentes de pensées morbides
(dans 60 % des cas) ou suicidaires (dans 15 % des cas)
Lorsqu’un médecin fait un diagnostic de dépression,
il est important d’envisager
un traitement le plus rapidement possible pour éviter
que l’état dépressif ne s’aggrave. On sait
en effet qu’une dépression non traitée tend à devenir
chronique ou récurrente. Et que la dépression majeure
mène au suicide environ 15 % de ceux qui en souffre…
En outre, les recherches sur les
causes de la dépression dévoilent de plus en plus le caractère
complexe de cette maladie et les nombreux facteurs qui peuvent
favoriser son apparition.
La grossesse
et l’accouchementsont
des expériences très intenses qui amène
chez la femme toutes sortes de bouleversements. Le «baby
blues»
ou «syndrome du troisième jour» désigne
les crises de larmes et la déprime de courte durée
qu’éprouvent 50% à
70% des mères dès le deuxième ou le troisième
jour après l’accouchement. On l’attribue à la
baisse soudaine de certaines hormones, à l’épuisement
consécutif
à l’accouchement, au manque de sommeil, aux émotions
fortes à répétition, etc. Cette forme
légère de dépression ne nécessite
aucun traitement et disparaît généralement
après une dizaine de jours.
De 10 à 20% des femmes vont éprouver une forme
plus sévère de dépression appelée «dépression
post-partum». Ses symptômes sont similaire à la
ceux de la dépression majeure mais sont souvent diagnostiqués
tardivement car attribués d’abord par la personne
et son entourage à la surcharge habituelle de travail
suite à l’accouchement. Elle peut se déclarer
n’importe quand au cours de l’année qui
suit l'accouchement et dure en moyenne trois à
six mois, bien que s’étirant parfois sur plus
d’une année.
Soulignons enfin que des états dépressifs durant
la grossesse seraient au moins aussi fréquents que les
cas de dépression post-partum.
Durant les courtes journée
d’hiver, beaucoup de gens ont moins d’énergie
et se sentent un peu las. Mais pour 2 à 6% de la population
des pays nordiques, c’est carrément une forme
particulière de dépression qui les affectent: la
dépression saisonnière. Ses causes exactes
ne sont pas encore connues, mais on sait qu'elle est liée
au manque de lumière dû au raccourcissement
des jours.
Différentes études ont en effet montré
que près de 65 % des personnes atteintes d'une dépression
saisonnières améliorent leur moral après
des séances de luminothérapie qui consistent
simplement à se placer 30 minutes par jour environ devant
une lampe diffusant une lumière très vive.
Il est évident
que des périodes d'hyperactivité
sont normales chez un enfant ou un adolescent. Nombre d’enfants
se sont pris pour Superman, Batman ou Spiderman sans pour cela être
dans la phase maniaque d’une maniaco-dépression...
On utilise le terme «cyclothymie» pour
désigner un trouble de l’humeur particulier où la
personne expérimente les hauts et les bas des troubles
bipolaires mais à un moindre degré. On parle
alors «d’hypomanie»
pour désigner les périodes maniaques moins longues
et moins importantes qui permettent tout de même à
la personne de vaquer à ses activités professionnelles
et sociales, mais pas de façon optimale.
SYMPTÔMES, TRAITEMENTS ET CAUSES DE
LA MANIACO-DÉPRESSION
La maniaco-dépression
est connue depuis l'antiquité. Mais c’est le
psychiatre allemand Kraepelin qui, à la fin du 19e
siècle, en a décrit les symptômes de
façon plus systématique. De nos jours, les
spécialistes préfèrent employer l’expression «troubles
bipolaires» pour effacer le sens péjoratif et
les préjugés associés au mot «maniaque».
Le peintre Vincent Van
Gogh et l’écrivain Ernest Hemingway :
deux personnes ayant souffert de maniaco-dépression
durant leur vie.
Contrairement à l'individu normal où l'humeur
est influencée par des événements précis
de la vie, les variations de l'humeur chez la personne atteinte
du trouble bipolaire semblent suivre leur propre cycle. On peut
ainsi comparer les variations anormales de l'humeur caractéristiques
du trouble bipolaire au rythme infernal des montagnes russes
que subit malgré lui le passager.
Car contrairement à la dépression (aussi qualifiée
de trouble «unipolaire»), le trouble bipolaire comporte
non seulement des
états dépressifs caractérisés par
les même symptômes, mais des épisodes
«maniaques» qui alternent avec eux.
Durant ces phases maniaques, la personne est exubérante
à outrance et ressent une extrême fébrilité
qui mène à des comportements excessifs. Elle voit
de l’ordre partout, chaque chose semble connectée
aux autres et le moindre petit événement prend
un sens exagéré. La personne est aussi très
créative, les liens qu’elle voit entre les choses
lui inspirant constamment de nouveaux concepts et de nouvelles
théories.
Plus systématiquement, on distingue souvent 4 grandes
catégories de symptômes :
1) L’apparence extérieure.
Elle est extravagante ou débraillée, provoquante
voire indécente. La personne en phase maniaque interpelle
le premier venu avec une abrupte familiarité, parfois
mêlée d'ironie.
2) L’exaltation de l’humeur.
L’humeur du maniaque est exhubérante et il
a une extrême confiance dans ses pouvoirs et son
charme. Il a des aventures sexuelles sans penser aux conséquences
possibles et souvent avec une absence totale d’inhibition
et de tact. Il ne permet aucune critique à son endroit,
devenant facilement irrité et colérique.
3) Accélération du processus de la
pensée. Les pensées du maniaque
se bousculent au point que le flot verbal ne peut suivre
le rythme. Une image aussitôt
évoquée disparaît et est immédiatement
remplacée par d'autres. Il passe du coq à l’âne
et parle sans arrêt même si son auditoire n’écoute
pas. Ses capacités d’attention sont donc réduites
mais son imagination est débordante.
4) Hyperactivité motrice. Il ne
connaît pas de limites à ses forces, ne prend
plus le temps de manger ou de dormir. Il entreprend plusieurs
projets en même temps sans prendre le temps d’en
apprécier la faisabilité. Il effectue de
grands bouleversements dans sa vie (changement d'emploi,
voyage, dépenses folles, etc) et peut même
devenir méfiant, voire paranoïaque, et considérer
que son entourage veut l’empêcher de réaliser
ses projets grandioses.
On comprend donc pourquoi la prise en charge rapide par un traitement
approprié est vitale pour les personnes atteintes
d'un trouble bipolaire. Car même si les
causes de cette maladies demeurent obscures, on parvient
à en réduire considérablement l’ampleur.