Les récepteurs
couplés aux protéines G comme les 5-HT1 et
5-HT2 ont un temps de réaction plutôt lent dû aux
intermédiaires impliqués. De plus, le signal
n'engendre pas directement de potentiel d'action mais modifie
la probabilité de voir ou non un potentiel d'action
se déclencher. On dit alors que la sérotonine
agit en neuromodulateur.
En ce qui concerne le récepteur 5-HT3, l'ouverture du
canal survient presque instantanément. Dans ce cas,
la sérotonine transmet directement un signal susceptible
de déclencher la propagation d'un nouveau potentiel
d'action. Elle joue le rôle de neurotransmetteur(ou
neuromédiateur).
SÉROTONINE ET AUTRES MOLÉCULES
IMPLIQUÉES DANS LA DÉPRESSION
Deux des neuf noyaux sérotoninergiques du tronc cérébral,
les noyaux du raphé dorsal et médian,
sont composés de neurones dont les fibres se terminent dans
de nombreuses régions cérébrales comme la partie
antérieure du cerveau et le système
limbique. Les fibres issues des noyaux du raphé
dorsal et médian représentent quasiment la
seule source de sérotonine dans les parties antérieures
du système nerveux central.
On connaît une quinzaine de récepteurs à
la sérotonine (ou 5-HT, pour 5-hydroxytryptamine)
que l'on peut regrouper en 3 grandes familles selon leur
mode de fonctionnement. Cliquez sur chacun des boutons pour
avoir un aperçu du mode d’action particulier
de chacune de ces familles :
Il est clair que la sérotonine
n’est pas le seul neurotransmetteur impliqué dans
la dépression. On connaît par exemple les liens étroits
qui relient le système sérotoninergique au système
noradrénergique dans le système nerveux central.
La noradrénaline, sur laquelle
agit d’ailleurs plusieurs antidépresseurs, est
donc aussi impliquée dans la dépression.
De nombreuses études montrent également l’effet important
de l’activation
de l’axe du stress sur la dépression. Les patients déprimés
ou suicidaires montrent
des signes d’hypersécrétion des hormones du stress, notamment
les glucocorticoïdes des glandes surrénales, ce qui affecte leur
système sérotoninergique.
Plusieurs autres récepteurs à la
sérotonine (5-HT4, 5-HT5, 5-HT6, 5-HT7) ont été identifiés.
Ils fonctionnent pour la plupart comme les 5-HT 1 et 2, c'est-à-dire
avec une protéine G qui modifie un canal ionique ou
une enzyme membranaire.
Depuis les années 1970 environ, les neurotransmetteurs
et leurs récepteurs ont été au coeur de
la recherche sur les troubles mentaux. On s'aperçoit
de plus en plus cependant, avec la découverte de cascades
biochimiques de plus en plus complexes à
l'intérieur de la cellule, que les fluctuations de neurotransmetteurs
comme la sérotonine ne sont peut-être que la pointe
de l'iceberg, et que notre compréhension d'un phénomène
complexe comme la dépression nécessitera d'aller
voir en détail ce
qui se passe dans les neurones une fois que le neurotransmetteur
s'est fixé à son récepteur.
Légèrement
plus gros que les acides aminés, les monoamines forment
une classe de neurotransmetteurs très répandus
qui comprend la dopamine, l’adrénaline, la noradrénaline
et la sérotonine. De plus, on distingue deux sous-classes
de monoamines : les catécholamines (dopamine, adrénaline
et noradrénaline) et les indoleamines (sérotonine).
L’implication des monoamines dans la dépression
fut découverte dans les années 1950. Au début
de cette décade, des médecins ont remarqué
que près de 15 % des patients qui subissaient un traitement
à la réserpine pour leur hypertension avaient
sombré dans une profonde dépression. On s’aperçut
alors que la réserpine dégradait les catécholamines.
À peu près à la même époque,
on fit l’observation inverse avec un autre médicament
: une molécule prescrite contre la tuberculose améliorait
l’humeur de certains utilisateurs déprimés.
Une analyse plus poussée de la molécule révéla
qu’elle inhibait la dégradation normale des monoamines
par un enzyme, la monoamine oxydase (MAO). On en déduisit
donc que cet effet bénéfique sur la dépression
était attribuable à davantage de monoamines actives
dans les synapses du cerveau. Cette intuition conduisit rapidement
au développement des inhibiteurs de monoamines oxydases
(IMAO), la première génération d’antidépresseurs.
LES ANTIDÉPRESSEURS
Il existe de nos jours de nombreuses
molécules qu’on
peut qualifier d’antidépresseurs. Chacune augmente
la quantité de certains neurotransmetteurs donnés
dans certaines régions cérébrales particulières.
On compte aussi un certain nombre de nouveaux médicaments qui sont uniques
dans leurs mécanismes d’action et que l’on appelle antidépresseurs
atypiques. Ils n’ont pas de mécanismes d’action
communs, mais augmentent tous le niveau de certains neurotransmetteurs
dans les synapses.
Enfin, un stabilisateurs de l’humeur comme le lithium occupe une place à part
dans les traitements disponibles pour les troubles bipolaires, tant par sa nature
d’élément simple que par son efficacité.
Cliquez sur chacun des médicaments
suivants pour avoir un aperçu de leur mode d’action
et de leurs effets :
Les antidépresseurs
tricycliques furent développés dans les années
1950 et 1960 et tiennent leur nom des trois anneaux de
leur structure chimique. D'autres antidépresseurs
aux effets similaires sont les antidépresseurs tétracycliques
qui ont pour leur part quatre de ces anneaux.
Les tricycliques agissent principalement en bloquant les
pompes à recapture des synapses sérotoninergiques
et noradrénergiques. Résultat : davantage de
sérotonine ou de noradrénaline de disponible
dans la fente synaptique. Comme les personnes dépressives
ont souvent un taux anormalement faible de ces substances,
les tricycliques compensent et améliorent ainsi l'humeur
de la personne.
Ces antidépresseurs sont
efficaces mais ont de multiples effets secondaires qui
leur font parfois préférer des substances
plus modernes comme lesISRS.
Les tricycliques influencent par exemple aussi l’histamine
et l’acétylcholine, ce qui explique plusieurs
de leurs effets secondaires (bouche sèche, vision
embrouillée, sueurs, gain de poids, etc.). Les
ISRS n’ont pas un mode d’action aussi large
et n’amènent par conséquent pas ces
effets secondaires.
L’imipramine (Tofranil), l’amitriptyline
(Elavil, Endep), la desipramine (Norpramine, Pertofrane) et
la nortriptyline (Pamelor and Aventyl) sont des exemples d'antidépresseurs
tricycliques.