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Notre héritage évolutif |
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Alfred
Wallace : dans lombre de Darwin
Le
cerveau, comme la science, est prédictif (ou bayésien)
Les biologistes vous le diront :
tout ce qu’ils étudient ne prend son sens qu’à la lumière
de la théorie de l'évolution. Comme toutes les théories scientifiques,
la théorie de l’évolution s’appuie sur des faits
observables pour émettre des hypothèses qu’elle
tente ensuite de confirmer ou d’infirmer. Il ne s’agit
donc pas d’une théorie au sens où on l’emploie parfois
pour désigner quelque chose d’incertain ou de spéculatif.
Au contraire, c’est un ensemble de faits cohérents reliés
par des mécanismes qui rendent compte de toute une gamme de phénomènes.
Exactement comme la théorie de la relativité, de la physique quantique
ou plus simplement comme celle qui dit que la Terre est ronde et que tout ce qui
s’y trouve est fait d’atomes. |
Un des points de discordance entre
créationnistes et évolutionnistes est l'âge de la terre.
Pour les géologues, l'âge estimé de la terre à partir
de nombreuses méthodes de datation différentes est d'environ 4,55
milliards d'années. Mais selon l'interprétation biblique des créationnistes,
la Terre n'aurait que de 6 000 à 10 000 ans. L'un des arguments
avancé par les créationnistes pour contester ainsi toutes les données
scientifiques est que le déluge a tellement bouleversé le paysage
terrestre que cela fausse toutes nos tentatives de trouver son âge. Mais
lorsque l'on date les roches lunaires rapportées par la mission Apollo,
elles donnent aussi autour de 4,55 milliards d'années. Pourtant, la Bible
ne relate pas d'épisode lunaire du déluge... | | |
LES ATTAQUES DU CRÉATIONNISME CONTRE L'ÉVOLUTION |
| Le terme « évolution
» réfère avant tout à un changement. Les galaxies,
le langage, les systèmes politiques, tout cela évolue. En biologie,
l’évolution réfère aux changements héréditaires
qui se transmettent dans une population à travers plusieurs générations.
Pour la plupart des gens, la théorie de l’évolution renvoie
plus généralement à l’idée que nous sommes les
descendants de formes
de vies primitives apparues sur la Terre il y a plus de 3 milliards d’années.
Cette théorie est maintenant acceptée
de tous les scientifiques parce qu’un nombre incalculable de faits plaident
en sa faveur et que ses nombreux mécanismes ont été maintes
fois confirmés. Mais il n’en fut pas toujours ainsi.

"La création de l'homme", par Michel
Ange, scène centrale du plafond de la chapelle Sixtine, et point de vue
officiel de l’origine de l’homme avant Darwin. | | Ainsi,
en 1859, la publication du livre phare de Darwin, De l’origine des espèces,
provoqua un choc en remettant en question l’idée que l’être
humain avait été créé par Dieu. La proposition de
Darwin affirmant que l’Homme descendait d’anciens singes fut très
mal accueillie par les penseurs religieux de l’époque qui l’associait
une perte de dignité pour l’humain. | Mais
progressivement, devant le poids des faits qui s’accumulèrent rapidement
en faveur de l’évolution, les
croyants des religions traditionnelles en vinrent à harmoniser leur
foi avec ces données scientifiques. La plupart croient maintenant que c’est
par le processus de l’évolution que leur dieu a permis l’avènement
de la vie. Depuis quelques temps cependant, en particulier aux Etats-Unis,
on assiste à la montée d’un mouvement appelé «
créationnisme » qui nie carrément la théorie de l’évolution
dans son ensemble ! Qu’est-ce donc que le créationnisme
? C’est d’abord une doctrine religieuse issue du christianisme qui
affirme que l’univers et l’être humain ont été
créé tel quel par un être supérieur. Mais contrairement
à la majorité des chrétiens qui prennent le récit
de la Genèse au sens métaphorique, les créationnistes croient
que ce qui est écrit dans la Bible doit être pris au pied de la lettre.
Pour eux, Adam et Ève, les six jours de la création, le déluge
etc., tout cela est vrai et est évidemment incompatible avec les théories
du Big Bang et de l'évolution.
Le problème survient lorque ces
gens tentent de donner un vernis scientifique au créationnisme. Car leur
« méthode » est exactement l’inverse de la méthode
scientifique : ils partent avec des conclusions qu’ils ne remettent pas
en cause et ne retiennent que les observations qui vont dans le sens de ces conclusions.
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Or ces errements ne seraient que déplorables
si ce n’était du fait que plusieurs états américains
réclament cette reconnaissance scientifique pour l’enseignement du
créationnisme dans les écoles. Les plus actifs créationnistes
organisent donc des débats durant lesquels ils ne parlent presque pas de
la théorie de la création. Comme il s’agit d’un dogme,
il y a en effet très peu à dire une fois que leur position est énoncée,
une démarche encore une fois à l’opposée de la démarche
scientifique. 
Cependant,
ils n’hésitent pas à pousser jusqu’aux limites de leur
connaissance les évolutionnistes, prenant à témoin ces limites
pour tenter de discréditer l’évolution. Or, c’est une
caractéristique même de la science d’arriver à un point
où l’on doit admettre son ignorance… Avant le 17e
siècle, tout le monde était créationniste. Puis la méthode
scientifique et la théorie de l’évolution nous a forcé
à reconnaître notre héritage évolutif. Le créationnisme
qui resurgit aujourd’hui chez certains fondamentalistes religieux véhiculent
des erreurs de compréhension majeures sur ce qu’est vraiment l’évolution.
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