Capsule outil: Qu'est-ce que l'évolution?
Depuis toujours on cherche à expliquer l’origine
et le foisonnement des formes de vie sur notre Terre. De nombreuses conceptions
ont eu cours au fil des siècles. Pensons seulement au fixisme qui affirmait
que les espèces vivantes ont toujours été les mêmes
et n'ont subi aucune évolution depuis leur création. Ou encore à
la transmission des caractères acquis de Lamarck fondée sur l'idée
de transformation progressive des populations dictée directement par les
contraintes du milieu. Mais c’est l’évolution des
espèces par mutations suivies de sélection naturelle mise en évidence
par Darwin qui s’est finalement trouvée confirmée par les
faits. En effet, depuis près de deux siècles, une telle quantité
d'observations se sont accumulés qu’on peut aujourd’hui affirmer
que l’évolution est un phénomène qui s’est bien
produit et qui continue à se produire encore aujourd’hui. Les preuves,
qui sont autant paléontologiques, génétiques, anatomiques,
chimiques que géographiques, convergent toutes pour confirmer l’existence
de l’évolution. On a cependant découvert que la sélection naturelle n’était
pas le seul moteur de cette évolution. Mais on peut affirmer que toutes
les espèces vivantes sont le fruit de l’évolution et dérivent
de lointains ancêtres communs. Ironiquement, c’est souvent
ce foisonnement des formes de vie et leur complexité qui rend l’évolution
difficile à accepter pour bien des gens. Ceux-ci trouvent qu’il est
difficile d’imaginer que seules des mutations génétiques dues
au hasard couplées à un mécanisme de sélection soient
responsables d’êtres complexes comme l’être humain et
son cerveau. Pour eux, il est plus logique de croire que le cerveau humain a été
« conçu » par un quelconque ingénieur divin, d’où
l’attrait persistant du créationnisme. Pourtant, le cerveau
humain n’a été conçu par aucun ingénieur. C’est
un produit de l’évolution, donc d’une suite de petits changements
qui se sont accumulés sur de très longues périodes. Et voilà
d’ailleurs où réside la grande difficulté : dans l’échelle
de temps géologique de l’évolution. Car à notre échelle de temps, pour concevoir une machine
complexe, on s’interroge d’abord sur sa fonction, puis on dessine
des plans et fabrique ensuite un mécanisme qui va accomplir cette fonction.
L’évolution n’a pas procédé ainsi pour arriver
au cerveau humain. Elle a plutôt construit par-dessus ce qu’elle avait
déjà plutôt que de partir à zéro. Cette façon
de faire est totalement inefficace à l’échelle d’une
vie humaine (comme si on essayait de construire une automobile en modifiant une
brouette), mais fonctionne tout à fait bien sur des échelles de
temps géologiques qui ont permis l’évolution de la vie.
Il est important de souligner ici que l’évolution n’a
pas de projet. L’être humain est un accident de l’évolution,
au même titre que les plantes carnivores ou que l’ornithorynque. Les
gros cerveaux qui sont arrivé tard au cours de l’évolution
ne sont pas « mieux » que les petits qui sont apparus avant. L’évolution
est l’exploration continuelle de la variabilité créée
par des mutations fortuites chez les formes de vie pré-existantes. Une
caractéristique qui apparaît plus tard dans l’évolution
signifie simplement que c’est un nouveau bricolage de l’évolution,
mais pas nécessairement une meilleure alternative. Dans la mesure où la planète Terre est aujourd’hui
menacée par certains sous-groupes d’êtres humains, on peut
en effet se demander si l’avènement de cette espèce était
une bonne chose pour l’évolution…
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