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En plus d’être libérée dans la circulation sanguine où elle a un effet hormonal (ou périphérique), l’ocytocine a ce qu’on appelle des « effets centraux » puisque’elle est aussi utilisée comme neurotransmetteur dans le cerveau. Elle peut alors moduler l’activité de certaines structures cérébrales, comme l’amygdale, et modifier ainsi certains comportements.

La baisse notable du niveau d’anxiété de la mère qui allaite en produisant beaucoup d’ocytocine dans son cerveau en est un exemple. Un autre comportement facilité par l’ocytocine est l’agressivité maternelle pour protéger son enfant. Tout le monde sait qu’il ne faut pas se retrouver entre un ourson et sa mère quand on marche en forêt. Sans avoir des conséquences potentiellement aussi létales, une femme qui sent son enfant en danger peut avoir des pics d’agressivité pouvant mettre en déroute des individus bien plus imposants qu’elle (ce que son faible niveau d’anxiété permet d’autant plus facilement).

Lien : Oxytocin Raises Aggression, Cuts Anxiety During Lactation; Similar Effects On Virgin RatsLien : L'ocytocine ou l'hormone du sacrifice ?


Les expériences de Diane Witt montrent que si l’on bloque la libération naturelle d’ocytocine chez des femelles de rat qui viennent de mettre bas, celles-ci vont rejeter leurs propres ratons. À l’inverse, injecter de l’ocytocine à une femelle de rat qui n’a jamais eu de contacts sexuels avec un mâle l’amène à prendre soin des petits d’autres mères comme si c’étaient les siens.


Contrairement à la plupart des hormones qui limitent elles-mêmes leur propre production après avoir été sécrétées, l'ocytocine n’est pas soumise à un tel « feedback » ou régulation négative. Son type de sécrétion sur le mode « pulsatile » et le fait que sa concentration sanguine puisse atteindre des pics importants ne sont pas étrangers à ce phénomène.


L'OCYTOCINE : L'HORMONE QUI CRÉE DES LIENS

L’ocytocine est une hormone fascinante qui a causé plusieurs surprises au cours de sa longue histoire. Celle-ci débute à l’orée du XXe siècle lorsque le Britannique Henry Dale extrait du cerveau humain, en 1906, une substance provoquant les contractions chez des chattes sur le point de mettre bas.

Cette substance fut nommée ocytocine d’après le mot grec õkytokíne, qui signifie «naître rapidement» ou «accouchement rapide». Pendant des décennies, elle fut donc associée à l’accouchement, mais aussi à l’allaitement car elle stimule aussi les glandes mammaires, une propriété qui fut découverte par d’autres chercheurs quelques années plus tard.

L’ocytocine fut également la première hormone peptidique dont on a pu déterminer la séquence des neuf acides aminés en 1953 et que l’on a réussi à synthétiser la même année.

On sait aujourd’hui que ce peptide est fabriqué dans les neurones paraventriculaires et supraoptiques de l’hypothalamus et qu’il est libéré dans la circulation sanguine au niveau de l’hypophyse postérieure où se projettent les axones de ces neurones.

Pour parler du rôle crucial de l’ocytocine dans la reproduction, on peut dire, à la suite de certains auteurs, qu’elle facilite de multiples « réflexes d’éjection ». Présentons-les chronologiquement à partir de la fécondation et à travers les étapes de la reproduction.

L’ocytocine contribue d’abord à l’éjection du sperme chez le mâle et aux contractions qui favorisent la progression des spermatozoïdes dans les voies génitales féminines.

La sécrétion d’ocytocine augmente substantiellement durant la grossesse, favorisant l’absorption des nutriments, réduisant le stress et conservant l’énergie en améliorant le sommeil.

Puis, lorsque le travail de l’accouchement est entamé, la dilatation du col utérin déclenche la sécrétion d’ocytocine qui provoque les contractions rythmiques des muscles lisses de l’utérus.  

Juste avant de sortir, quand le bébé atteint la partie basse du vagin, des récepteurs à l’étirement informent le cerveau de relâcher une quantité maximale d’ocytocine. Dans les minutes qui suivent la naissance, si les conditions d’intimité et de sécurité sont réunies, la mère aura ainsi dans son organisme un taux jamais égalé d’ocytocine qui va favoriser un attachement fort et immédiat avec l’enfant.

Cette forte concentration d’ocytocine produira également le réflexe d’éjection du placenta. Elle permettra aussi à l’utérus de se rétracter après cette expulsion, le ramenant à sa position et à sa forme initiale, et réduisant ainsi les risques d’hémorragies.

L’ocytocine joue aussi un rôle important au cours de la tétée. La succion du mamelon est détectée par des récepteurs et entraîne la sécrétion de bouffées d’ocytocine. Celle-ci provoque la contraction des cellules musculaires qui entourent les alvéoles des glandes mammaires et amène l’éjection du lait.

L’ocytocine n’influence cependant pas directement la production du lait qui est plutôt sous contrôle de deux autres hormones, prolactine et œstrogène, ainsi que de la stimulation tactile des mamelons. 

Au cours des premières semaines après l’accouchement, la production soutenue d’ocytocine va favoriser l’attachement mère-enfant. Il s’agit ici d’effets centraux de l’ocytocine (voir l’encadré), c’est-à-dire de modification dans les circuits mêmes du cerveau. Chaque fois que la mère allaite son enfant, celui-ci améliore donc en retour, par l’entremise de l’ocytocine, le lien qui l’unit à sa mère. Durant les mois ou les années où l’allaitement va se poursuivre, l’ocytocine va continuer de garder la mère bien nourrie et détendue malgré les nouveaux défis apportés par la présence du bébé.

La recherche sur l’ocytocine a peu à peu révélé que ce peptide pouvait avoir des effets à d’autres niveaux sur les individus en dehors de son rôle dans la grossesse, l’accouchement et l’allaitement. C’est ainsi qu’on a découvert que deux autres types de lien bénéficient également des services de l’ocytocine : le lien qui se crée entre deux individus dans une relation amoureuse et, plus largement, le lien social qui nous unit à nos proches

L’ocytocine n’est pas la seule hormone impliquée durant le travail, l’accouchement et l’allaitement. Plusieurs autres complètent le cocktail hormonal qui rend possibles ces transformations physiologiques et ces expériences psychologiques marquantes.

Parmi elles, la bêta-endorphine, sécrétée par la partie antérieure de l’hypophyse, est une hormone connue surtout pour ses effets analgésiques et euphorisants. Mais elle est également produite durant les rapports sexuels, la grossesse, l’accouchement et la lactation. Elle contribue alors au sentiment de plaisir ressenti et à la dépendance qui se crée avec le partenaire sexuel ou avec le bébé.

Durant le travail de l’accouchement, les niveaux d’endorphine atteignent chez la femme ceux des athlètes durant un entraînement à pleine capacité, transformant ainsi la douleur en un état de conscience altéré caractéristique des naissances naturelles. Si la douleur ou le stress est très élevé, les hauts taux d’endorphines inhibent l’ocytocine, ralentissant le travail en attente d’un moment plus propice pour l’accouchement.

L’adrénaline et la noradrénaline, également connues comme les hormones « de la fuite ou de la lutte », sont sécrétées par des neurones noradrénergiques et par la partie médullaire des glandes surrénales. En présence d’un danger ou de la nécessité d’agir, elles préparent à l’effort musculaire de concert avec le système nerveux sympathique.

C’est pourquoi ces hormones, au début du travail, inhibent la production d’ocytocine, comme si un danger dans l’environnement nécessitait le report temporaire de la naissance et l’allocation des ressources sanguines aux muscles pour fuir ou lutter. Mais quand la naissance est imminente, on assiste à une soudaine augmentation de l’adrénaline et de la noradrénaline qui active le réflexe d’éjection du bébé. Cela procure à la mère un soudain regain d’énergie accompagné de fortes contractions et d’une excitation qui se traduit différemment selon les personnes (bouche sèche, besoin d’agripper, état d’alerte, de peur, de joie, etc.)

La prolactine, hormone « maternante » par excellence, est pour sa part la principale hormone de l’allaitement et de la production du lait par les glandes mammaires. Son niveau dans le corps de la femme augmente durant la grossesse et atteint un maximum à la naissance, bien que la production de lait soit inhibée durant tout ce temps jusqu’à l’éjection du placenta.

Lien : Giving Birth: The Endocrinology of Ecstasy
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