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Quand
la peur nous fait réagir en conservateur
Lêtre
humain na plus lapanage de lempathie
Le
neurobiologiste qui a découvert quil était psychopathe
La
richesse éloigne les riches de leur humanité
Économie
ou empathie, nous navons rien inventé
Stimuler
ou inactiver des régions cérébrales, dhier
à aujourdhui
Les
bienfaits de lapprentissage de la musique
Apprendre
lempathie
“Que faisons-nous à longueur de journée ? On
décrypte le monde, et particulièrement le monde intérieur des gens que l’on rencontre.
[…] Quand un collègue entre dans mon bureau en faisant une grimace ou un sourire
affecté – la différence peut être subtile selon d’infimes différences dans la
façon dont nous contractons les muscles de notre visage – je peux automatiquement
et presque instantanément discerner quelle émotion l’anime. […] Nous faisons
des douzaines – des centaines – de ce genre de distinction chaque jour. C’est
littéralement ce que nous passons notre temps à faire. […] Cela semble si ordinaire.
C’est pourtant assez extraordinaire - et surtout extraordinaire que nous le ressentions
comme quelque chose d’ordinaire.” - Marco Iacoboni, «Mirroring People»,
2008. |
Voir un congénère souffrir peut initier des comportements
altruistes ou modifier le seuil de perception de la douleur pas seulement chez
l’humain, mais aussi chez d’autres mammifères. Des rats qui avaient par
exemple appris à appuyer sur un levier pour obtenir de la nourriture vont cesser
d’appuyer si leur action donne un choc électrique à un autre rat qu’ils peuvent
voir. Même chose chez le singe rhésus. Un singe a même cessé de tirer sur la chaîne
qui lui donnait la nourriture durant 5 jours (et un autre durant 12 jours !) après
avoir compris que cela infligeait un choc à un compagnon. Une autre étude
a permis de montrer que des souris partageant la même cage et pouvant voir un
congénère souffrir étaient à ce moment plus sensible à la douleur que lorsqu’elles
étaient testées seules. Il semble donc exister une forme de contagion émotionnelle
chez d’autres mammifères, ce qui confirme l’importance des facteurs sociaux sur
la perception de la douleur. |
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PARTAGER LA DOULEUR DES AUTRES | | Dans une espèce
aussi sociale que la nôtre, on passe une grande partie de notre temps à
essayer de comprendre les émotions des autres et leurs intentions envers
nous. Bien sûr le langage
humain, avec sa
syntaxe complexe et ses
autres facettes non verbales, constitue un outil de choix pour communiquer
et échanger sur nos états d’âme. Mais
une bonne part de notre compréhension d’autrui se fait très
rapidement juste en observant son visage ou sa posture. On peut imaginer de nombreuses
raisons évolutives à cette efficacité. Dans le cas de la
douleur par exemple, voir les rictus de souffrance de quelqu’un nous indique
un danger potentiel pour nous-mêmes. Il peut aussi nous inciter à
lui porter secours, un comportement déjà présent chez nos
cousins primates et même chez le rat (voir encadré). Ces
avantages évolutifs permettent de mieux comprendre pourquoi on parvient
avec tant de facilité à lire
dans l’esprit des autres. Mais par quels mécanismes y parvient-on
? Autrement dit, comment l’état émotif d’une autre personne
se reflète-t-il dans notre propre substrat neuronal ? À
un premier niveau d’analyse, de nombreuses études ont montré
que le seul fait de regarder une expression faciale chez quelqu’un déclenche
chez l’observateur des expressions similaires sur son propre visage, souvent
sans même qu’il s’en rende compte. Il semble donc y avoir, à
la base de nos interactions sociales et de nos émotions partagées,
un mimétisme le plus souvent inconscient et automatique. Et ce lien direct
entre perception et action amène l’observateur à “résonner”
malgré lui avec l’observé. D’autres
études ont démontré les effets psychologiques bien réels
que pouvait avoir une telle résonance. Ainsi, des individus qui en observent
d’autres qui sont dégoûtés par de mauvaises odeurs ressentent
eux aussi du dégoût. Et l’on sait tous comment peut être
désagréable la vue d’une personne se faisant ouvrir la peau
avec un bistouri… Au début
des années 2000, l’utilisation de l’imagerie cérébrale
nous a permis de constater que la vue d’une personne dégoûtée
ou souffrante activait dans le cerveau de l’observateur certaines parties
du réseau neuronal normalement actif quand celui-ci expérimente
véritablement le dégoût ou la douleur. À
peu près à la même époque, la mise en évidence
progressive de neurones
miroirs a ouvert de nouvelles perspectives à l’étude de
ce que plusieurs appellent les “réseaux
de neurones partagés”. Les neurones miroirs ayant la propriété
de s’activer à la fois quand on fait un certain mouvement et quand
on voit une autre personne faire le même mouvement, ils devenaient un substrat
tout désigné pour ce partage. Pour
mettre en forme ces données sur le partage des émotions, une “théorie
de la simulation” a été développée en intégrant
l’apport des neurones miroirs. Mais qui dit théorie scientifique
dit aussi langage précis pour la décrire. Empathie, sympathie, compassion,
tous ces mots similaires qui nous viennent alors à l’esprit pour
décrire ces phénomènes gagnent alors à être
définis le plus clairement possible.


| | L’empathie
se définit dans le langage populaire comme la capacité de « se mettre dans la
peau d’un autre ». L’empathie étant un terme également employé dans de nombreuses
disciplines (psychologie, sociologie, philosophie, etc), il existe plusieurs autres
façons de la définir. La plupart des définitions mettent cependant l’accent sur
le fait qu’il s’agit d’une capacité à ressentir les états affectifs ou les sensations
(comme la douleur) d’une autre personne. L’empathie se distingue ainsi
de notre capacité à adopter la perspective d’une autre personne pour en comprendre
les intentions, les désirs et les croyances. Pour nombre de spécialistes des sciences
cognitives, il s’agit là d’un processus de l’ordre du raisonnement qui diffère
de la réponse empathique. Le partage émotionnel de l’empathie n’implique
pas non plus nécessairement que l’individu va agir ou même se sentir interpellé
à supporter la personne observée. C’est justement ce qui distingue l’empathie
de la sympathie, un état où l’individu possède en plus un regard
positif ou une motivation altruiste envers la personne observée. |
La compassion ressemble
à la sympathie, mais serait plus spécifique à douleur, suscitant un fort désir
d’alléger les souffrances d’autrui. Dans un registre semblable mais plus large,
on pourrait aussi placer la sollicitude
qui consiste en une attention affectueuse et inconditionnelle que l’on porte à
quelqu’un. La pitié s’accompagne elle aussi du désir d’alléger
les souffrances d’une autre personne, mais avec la croyance, parfois teintée de
mépris, qu’elle n’est pas capable d’y faire face seule. L’empathie
se distingue par ailleurs de ce qu’on appelle la contagion émotionnelle,
un processus par lequel un individu s’imprègne de l’état affectif d’une autre
personne, mais sans se rendre compte que ce n’est pas une émotion qui lui est
propre. On pense ici par exemple à l’enthousiasme contagieux des supporters sportifs,
aux paniques impliquant des foules, aux fous rires, etc. La personne empathique,
elle, est tout à fait consciente que l’émotion ressentie lui vient de l’observation
d’autrui. |
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