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Chercheur : Taylor, Frederick Winslow (1856-1915) Chercheur: Simone Weil
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Histoire : Demain le travail

Pour optimiser les mouvements des ouvriers, certains chercheurs ont même eu recours au cinéma pour observer leurs gestes au ralenti. C'est de ces recherches que Charles Chaplin s’est inspiré pour les séquences de son film « Les temps modernes ». Chaplin tourne en dérision cette méthode moderne de travail qui laisse peu de place à l'être humain. Son héros, au lieu d'être prolongé par la machine, devient lui-même une partie de la machine.



Lien : Les Temps modernes


L'ORGANISATION DU TRAVAIL MANUEL

Que ce soit à main nue, avec un silex taillé ou des outils plus perfectionnés, l’être humain a toujours agi sur son environnement pour améliorer ses conditions de vie. La révolution agricole du néolithique, puis la révolution industrielle du XIXe siècle, n’ont pu se faire que parce que le cerveau humain a été capable d’imaginer des actions de plus en plus complexes pour transformer les matières premières.

Mais une tendance irrésistible s’observe au cours des derniers siècles : celui du passage d’un travail spécialisé et diversifié des ouvriers de métiers et de l'artisan traditionnel au travail non spécialisé et répétitif de la grande industrie ne nécessitant qu'un court apprentissage. Cette renonciation sur la maîtrise de son travail va être acceptée par la classe ouvrière en contrepartie de son accession à la société de consommation.


G. Brzhzovski "Steel Workers on the Factory Floor" 1964

Mais les tâches monotones et souvent dures physiquement amènent les ouvriers à travailler lentement pour passer au travers de leurs longues journées de travail. Car à une époque où il n'existait pas de système de protection sociale toute blessure entraînait pour l'ouvrier la perte de son revenu. Les propriétaires d’entreprises comprennent la situation et vont tenter de lutter contre l’usure au travail qui ronge leurs profits en reconsidérant l’ensemble de leurs méthodes.



On se met alors à observer les ouvriers, à décomposer leurs gestes, à les chronométrer, afin de trouver comment réduire leurs mouvements au minimum. L’idée étant bien entendu d’augmenter ainsi l'efficacité du personnel et, par conséquent, la productivité de l’entreprise.

Celui qui a peut-être contribué le plus à jeter les bases de ce mouvement est Frederick Taylor (1865-1915) qui développe sa théorie de l’organisation scientifique du travail dans son ouvrage « The Principles of Scientific Management » (1911). Ce paradigme, qui inaugura les lignes d’assemblage dans les manufactures, veut soumettre dans le détail l'organisation du travail à une logique rationnelle. Il prône l’extrême division du travail, son fractionnement en tâches simples et répétitives ainsi qu’une supervision étroite des employés.

Pour Taylor, l’ouvrier n’est pas là pour penser mais pour exécuter des gestes savamment calculés pour lui. Un système de prime pour encourager l’ouvrier à être performant agit en tant que renforcement positif. Pour Taylor toujours, tout travail intellectuel doit être enlevé de l’atelier pour être concentré dans les bureaux de planification et d’organisation de l’entreprise. Chargé d’améliorer les méthodes dans une entreprise minière, Taylor va même jusqu’à montrer au manœuvre la bonne façon de charger sa pelle pour atteindre la productivité quotidienne optimale…


Le taylorisme fait donc son apparition aux Etats-Unis dès la fin du XIXème siècle et sonne l’avènement du travail à la chaîne qui sera appliqué en premier par Henry Ford à partir de 1913 dans ses usines d’automobiles.


L’industrialisation a eu pour effet de vider le sens du travail en lui ôtant sa valeur d’accomplissement de soi dans une œuvre. À cet effet, le sens même du mot "ouvrier" (celui qui fait une œuvre) devient complètement faux à l’ère industrielle puisque celui-ci n’a plus une vision d’ensemble sur le produit à fabriquer.

Taylor est tout à fait conscient du caractère abrutissant du travail ainsi proposé à l’ouvrier: "[…] l’une des premières caractéristiques d’un homme qui est capable de faire le métier de manutentionnaire de gueuses de fonte est qu’il est si peu intelligent et si flegmatique qu’on peut le comparer, en ce qui concerne son attitude mentale, plutôt à un bœuf qu’à toute autre chose. L’homme qui a un esprit vif et intelligent est, pour cette raison même, inapte à exercer ce métier en raison de la terrible monotonie d’une tâche de ce genre." (Taylor, 1911).

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