|
| |
 |
Produire un mouvement volontaire |
 |
| | |

Nos
neurones miroirs préfèrent nos mouvements préférés
«
La cognition incarnée », séance 10 : Comment
lenvironnement entre dans notre cerveau (cognition ancrée
et représentation modale)
En traversant une rue, nous modulons
inconsciemment l’amplitude de nos pas quelques enjambées avant l’arrivée
du trottoir, de manière à nous trouver, au moment voulu, à
une distance qui permet de monter sur le trottoir aisément. Or
la stabilité du patron moteur de base de la marche est une condition nécessaire
à l’expression de ces modulations, qu’elles soient de nature
réflexe ou cognitive. Chez les patients souffrant de troubles neurologiques
qui perturbent la stabilité de cette enjambée, ces adaptations à
l’environnement se font beaucoup plus difficilement. |
Le temps de réaction
correspond au délai compris entre un signal et le début du mouvement
qui y répond. C'est le gardien de but qui arrête un tir foudroyant
ou la main qui rattrape le vase que l'on vient d'accrocher. Dans ces situations,
on parle souvent de bons réflexes, ce qui n'est pas vraiment le cas car
un
réflexe est une réaction involontaire et stéréotypée,
alors que ces gestes au temps de réaction très courts sont volontaires
et adaptés à la situation. L'entraînement permet
de diminuer son temps de réaction en apprenant au système nerveux
à anticiper les trajectoires possibles d'un projectile, par exemple. Mais
cette amélioration du temps de réaction à une tâche
particulière n'est pas généralisable à toutes les
activités. Un excellent gardien de but aura le même temps de réaction
de freinage en voiture devant un ballon qui surgit devant lui (environ une seconde)
qu'une personne qui n'est pas sportive du tout. De plus, certaines substances
comme l'alcool
augmentent le temps de réaction chez tous les humains, alors que d'autres
comme la caféine
le diminue légèrement. | |
|
L'IMAGERIE MENTALE D'UNE ACTION | | Le cerveau sert avant tout
à permettre à l’organisme d’agir
dans un environnement afin d’assurer sa survie. Or cet environnement
est changeant et nos gestes doivent constamment s’y adapter. Pour apprendre
un nouveau geste, on doit le répéter un certain nombre de fois afin
de l’encoder dans sa mémoire
procédurale. C’est ce qu’on appelle couramment l’entraînement
ou la pratique.
Mais il existe une autre
façon d’améliorer l’exécution d’un mouvement
une fois que la gestuelle générale a été mémorisée
: la simple répétition mentale du mouvement. Ce procédé,
que l’on nomme « imagerie mentale », est couramment utilisé
par les athlètes de haut niveau pour aller chercher les précieuses
fractions de secondes au fil d’arrivée. Les skieurs de descente répètent
ainsi mentalement tout le trajet de leur course avant d'amorcer leur descente.
Ils perçoivent chaque virage, sentent leur corps à chaque bosse
et effectuent mentalement les changements de direction appropriés. |  |
Une personne qui s’imagine
ainsi en train de faire un mouvement active les mêmes représentations
cérébrales que celles qui sont liées à la
préparation et au contrôle de cette action. Plusieurs
expériences nous permettent en effet de penser que lorsqu’on
imagine une action et lorsqu’on exécute réellement la même
action, les régions cérébrales impliquées sont très
similaires. Ce phénomène de l’action imaginée
qui active les mêmes aires cérébrales que l’action exécutée
s'étendrait même à l'observation d'une action exécutée
par un tiers. Autrement dit, le seul fait d’observer quelqu’un faire
un geste augmente dans notre cerveau l’activité des régions
que l’on active normalement quand on fait ce geste. La découverte
des «neurones
miroir» est venue, au milieu des années 1990, fournir une base
cellulaire à ce phénomène. Ces neurones s’activent
lorsque nous voyons se réaliser la même action que celle dans laquelle
ils sont normalement impliqués quand nous faisons nous-même cette
action. Un spectateur qui se concentre en visualisant la gestuelle d'un
champion de tennis ou de football a donc une stimulation au niveau cérébral
qui correspond parfaitement aux muscles activés par le joueur qu'il est
en train de regarder. Cette stimulation lui permettra, lorsqu'il va jouer à
son tour, de retrouver plus facilement les mêmes mouvements. On
sait aussi que lorsqu'on s’imagine soi-même réaliser une action,
c’est le cortex
prémoteur qui est particulièrement actif. Lorsqu'on imagine
une tierce personne réaliser cette même action, l’activité
de cette région s’accompagne de celle du cortex
pariétal de l'hémisphère droit. Cette région est
justement reconnue pour jouer un rôle spécifique dans la distinction
de soi et de l'autre. L'attribution de l’origine de l’action
à soi-même ou à autrui pourrait ainsi subir des altérations
spécifiques qui pourraient contribuer aux troubles de la reconnaissance
de soi dans la schizophrénie par exemple.
On peut adopter deux perspectives
en imagerie mentale. Dans la perspective externe, on s’imagine comme si
on se regardait en vidéo. Cette perspective est donc de nature plus visuelle.
Par opposition, lorsqu'on voit les événements à travers ses
propres yeux, comme si on y était, on utilise alors une perspective interne.
Cette forme d'imagerie sollicite davantage des sensations kinesthésiques,
c’est-à-dire les sensations internes des muscles, des articulations
et des tendons. En fait, pour qu’elle soit efficace, l’imagerie
mentale doit intégrer les caractéristiques sensorielles pertinentes
pour l’action à perfectionner. Un joueur de basket s’imaginant
en train de dribbler va tenter de visualiser le ballon, ses coéquipiers
et ses adversaires, il va essayer d’entendre les rebonds du ballon, de ressentir
le contact des ses pieds avec le sol. Les actions plus individuelles comme le
plongeon ou le soulèvement d’haltères nécessitent quant
à elles d’éprouver toutes les sensations physiques et kinesthésiques
liées à ces mouvements. 
|
|
|