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Les
dépendances déclenchées par le manque de liens
sociaux
La prohibition de la drogue amène
en prison tous les ans près de deux millions de personnes dans le monde
dont un million aux USA. La clandestinité forcée des usagers augmente
aussi les risques d’un usage non sécurisé : échanges
de seringues, qualité des produits méconnues, etc. Le
mouvement antiprohibtionniste contemporain rappelle que la prohibition de l'alcool
aux USA au début du siècle avait provoqué en moins de dix
ans avec l'alcool frelaté (mal distillé et contenant du méthanol)
plus de 10 000 morts et 30 000 aveugles. Ce mouvement souligne les effets
pervers de l’illégalité des drogues, mais poursuit un autre
but, peut-être plus difficile encore : celui d'apprendre aux gens à
choisir consciemment leurs sources de plaisirs et leurs moyens de fuites. Pour
eux, ce n'est que dans le débat serein, non moraliste et basé sur
de l’information scientifique qu'une politique préventive peut véritablement
prendre du sens. | | |
LE CONTRÔLE SOCIAL DES DROGUES |
| On dit que le marché
du trafic de la drogue représenterait environ la moitié des flux
monétaires de la planète. D'après le Monde diplomatique d'Avril
2000, ce marché dépasse le pouvoir financier des banques centrales
!
Si
ce trafic persiste malgré toutes les «guerres à la drogue»
que l’on a entreprises, c’est qu’il fait l’affaire non
seulement des mouvements insurrectionnels ou des groupes terroristes, mais aussi
des États et de leurs services spéciaux qui financent ainsi des
armes et des actions clandestines.
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| L’exemple typique
étant celui du commerce de la drogue en Asie centrale qui est intimement
liée aux activités secrètes de la CIA. Avant la guerre URSS-Afghanistan,
il n'y avait pour ainsi dire presque pas de production locale d'héroïne
dans cette région. Puis, en quelques années, les territoires près
de la frontière pakistano-afghane devenaient le principal fournisseur d'héroïne
pour le marché mondial, répondant à 60 % de la consommation
d'héroïne au États Unis. Pendant ce temps, au Pakistan, le
nombre de personnes dépendantes de l'héroïne est passé
de près de zéro en 1979 à 1,2 million en 1985… Nombre
de dictatures et de multinationales se financent aussi avec la drogue parce que
son statut illicite permet d'établir des marges de profit incomparables.
La prohibition, en permettant l'enrichissement de ses protagonistes, est donc
l'un des premiers facteurs de succès du commerce de la drogue.
À la lumière de ce constat,
et considérant que le trafic de la drogue permet en plus
de justifier un colonialisme économique qui passe par la
précarisation des pays pauvres, il semble que la «
guerre contre la drogue » ne soit pas près d’être
gagnée…
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