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Il existe des addictions sans drogue,
entretenues par la dépendance du cerveau à ses propres sécrétions
produites par certaines activités. On peut devenir accroc au travail
ou au sport à cause des endorphines, les opiacés endogènes
produites par notre cerveau. À cause du stress dû au travail ou à
l’effort physique, les neurones à noradrénaline sont suractivés.
Pour contenir cet excès, la production d’endorphines augmente, amenant
la disparition de l'inconfort et même une impression d'euphorie. Mais lorsque
le stress cesse (ou la pratique du sport, ou des activités excitantes),
il n’y a plus assez d’endorphines pour contrôler la sécrétion
de noradrénaline. L’individu ressent à la fois un manque (d’endorphines)
et un malaise dû à l’hypersécrétion de noradrénaline.
Il va donc chercher à retrouver ces situations où son cerveau est
inondé par ses morphines endogènes. | |
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QUAND LE CIRCUIT DE LA RÉCOMPENSE S'EMBALLE |
| En plus d’être
sous l’influence de la dopamine, le
circuit de la récompense est modulé par des opiacés endogènes
(comme les enképhalines, la b-endorphine et la dynorphine).
Dans
l'aire tegmentale ventrale (ou ATV), les endorphines agissent sur des récepteurs
mu portés par les terminaisons d'interneurones gabaergiques. Ces interneurones
inhibent les neurones dopaminergiques se projetant sur le noyau accumbens. L’augmentation
des endorphines naturelles (par le sport par exemple) ou la prise d’opiacés
exogènes inhibe donc la libération de GABA et lève ainsi
l'inhibition gabaergique exercée sur les neurones dopaminergiques. En conséquence,
le noyau accumbens est encore plus stimulé par la dopamine des neurones
de l'ATV, ce qui produit un renforcement
positif. Inversement
les dynorphines, un autre type d’opiacé endogène, inhibent
la libération de dopamine au niveau du noyau accumbens via les récepteurs
kappa. La stimulation du noyau accumbens est alors réduite, entraînant
un effet aversif. | |
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En situation normale,
les endorphines se fixent sur des neurones impliqués dans le contrôle
de la douleur et les hyperpolarisent, diminuant ainsi la quantité de neurotransmetteurs
relâchés. Elles inhibent aussi l’action des neurones
à noradrénaline impliqués dans les sensations de malaise
et dans la vigilance. Les opiacés
exogènes (héroïne,
morphine…) dont la structure ressemble aux enképhalines,
se fixent aux même récepteurs lorsqu’ils arrivent dans le cerveau.
Face à cette abondance toute artificielle, les neurones producteurs d’endorphines
réduisent leurs activités.
Lorsque la drogue vient à manquer, leur production revue à la baisse
ne suffit plus à contenir l’activité des neurones qu’ils
inhibaient.
Par exemple, dans l’ATV,
les interneurones au GABA sont moins inhibés, donc contribuent davantage
à diminuer la relâche de dopamine dans le noyau accumbens. Les toxicomanes
ressentent alors le déplaisir et le malaise physique généralisé
typique de la dépendance.
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