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La remémoration
des malheurs vécus par les Ioniens dans la Grèce
antique a été activement contrée. Les
Athéniens, voulant faire oublier la défaite
de Milet aux mains des Perses, proscrivirent toute représentation
théâtrale de ce sujet.
De nos jours, en Argentine ou au
Chili, les autorités tentent de faire oublier les
atrocités commises par les régimes militaires
afin d'éviter que la très compréhensible
obsession du souvenir ne rende impossible l'exercice du
pouvoir. Que l'on ait dû
faire comme à Athènes, deux millénaires
et demi plus tard, est tout de même assez révélateur
de la crainte de la classe dirigeante d'avouer les erreurs
et les crimes du passé. |
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Les groupes humains sélectionnent
des faits et des événements propre à leur communauté
qui seront transmis à la génération suivante.
Cette mémoire
collective est cependant parsemée d'oublis plus ou moins
délibérés concernant des épisodes peu
reluisants de l'histoire d'un peuple.
Une honte collective peut être à
l'origine de ce déni des faits historiques. Dans ce cas,
on espère sans doute qu'en effaçant le souvenir d'atrocités
commises par nos ancêtres, elles ne se reproduiront plus.
Malheureusement, les occasions de répéter les erreurs
du passé ne manquent pas. Et les nombreux " plus jamais
ça " qui ont suivi la reconnaissance des génocides
n'ont pas encore réussi à les enrayer.
D'autre part, l'oubli en tant
que processus social d'amnistie pourrait s'avérer la seule solution dans des pays
ravagés par des conflits ethniques (Rwanda, Bosnie-Herzégovine,
Israël-Palestine
). Encore que cette épuration
de la mémoire des collectivités ne devrait
pas entraver le droit de justice et de réparation.
Mais lorsque que l'oubli
est orchestré au profit des intérêts de la classe
dirigeante comme ce fut souvent le cas dans l'Histoire, on peut
alors parler de censure volontaire.
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