Capsule
outil : Le sommeil chez les autres animaux Le sommeil
tel que nous l’expérimentons chaque nuit n’est pas l’apanage
de toutes les espèces animales. C’est un phénomène
qui, comme bien d’autres, s’est complexifié durant l’évolution.
Les reptiles, par exemple, démontrent plusieurs signes du sommeil lent,
mais ne semblent pas avoir de sommeil paradoxal. Les animaux moins évolués
que les reptiles (amphibiens, poissons, insectes, mollusques, etc.) ont des périodes
de tranquillité qui ressemble de l’extérieur à du sommeil,
mais les scientifiques ne sont pas certains s’il s’agit de formes
ancestrales de sommeil ou simplement une forme de repos propre à ces espèces.
Le sommeil dans sa forme évoluée serait donc apparu avec les
oiseaux il y a environ cent millions d’années. Mais le sommeil chez
les oiseaux est encore très différent de notre sommeil humain. Des
mammifères comme le rat, le chat ou le singe ont un sommeil dont les différents
stades ressemblent beaucoup plus au nôtre. Chez les mammifères,
on peut dire qu’une tendance se dessine : les animaux chasseurs comme
les grands fauves ont un sommeil plus profond que leurs proies qui, elles, ont
une plus large part de sommeil léger. Les animaux chassés ont aussi
généralement très peu de sommeil paradoxal, dont la paralysie
les rendrait très vulnérables. La taille semble aussi
avoir un effet sur la durée du sommeil, les petits mammifères ayant
généralement tendance à dormir plus longtemps et à
expérimenter plus de sommeil paradoxal que les gros. Les animaux
qui naissent relativement immatures comme les opossums (ou les humains !) ont
aussi généralement plus de sommeil paradoxal que ceux qui peuvent
déjà marcher ou manger seuls très tôt après
leur naissance. Cette quantité importante de sommeil paradoxal chez les
espèces aux rejetons vulnérables, qui atteint le quart du temps
de sommeil chez plusieurs espèces, persiste d’ailleurs chez les individus
adultes. Par rapport à l’être humain qui dort en moyenne
de 7 à 8 heures par nuit, on a identifié un certain nombre de gros
dormeurs dans le règne animal. La chauve-souris passe près de 20
heures de sa journée endormie ! L’opossum et le serpent python 18.
Les félins sont aussi d’assez bons dormeurs avec 11, 12, 13 ou 14
heures de sommeil par jour. 
La survie des animaux qui se retrouvent dans le rôle de la proie dépend
de manière critique de leur état de vigilance permanent. Ainsi,
des espèces comme le lapin ou la girafe dorment pendant de brefs intervalles
dont la somme dépasse rarement 2 heures par jour pour la girafe.
Cette variabilité extrême dans le temps de sommeil soulève
évidemment beaucoup de questions sur son rôle. Elle montre aussi
l’influence importante des gènes d’une espèce sur son
sommeil. Chose certaine, comme toutes les espèces doivent dormir au moins
quelques heures par jour, le sommeil semble avoir une fonction cruciale qui aurait
autrement été perdue chez certaines espèces au cours de l’évolution.

Le sommeil de certains animaux a bien d’autres caractéristiques
étonnantes. Chez certains, comme le dauphin qui doit remonter régulièrement
à la surface de l’eau pour respirer, une moitié du cerveau
dort à la fois. Pendant qu'un hémisphère cérébral
montre des signes typiques du sommeil lent, l'autre hémisphère reste
éveillé. Comme le fait de remonter à la surface pour inspirer
est volontaire chez ces animaux, cette particularité de leur cerveau leur
permet d'assurer simultanément deux fonctions vitales: dormir et respirer.
Le
dauphin alterne ainsi 2 heures de sommeil dans un hémisphère, puis
une heure d’éveil dans les deux, puis 2 heures de sommeil dans l’autre
hémisphère, et ainsi de suite pendant 12 heures chaque nuit.
Une espèce de dauphin vivant dans les eaux boueuses et agitées
de l’Indus au Pakistan ne peut, elle, se permettre ces longs moments de
semi-vigilance et réussit plutôt à saisir des « micro-moments »
de sommeil de 4 à 6 secondes. Additionnés, ces micro-moments représentent
tout de même 7 heures de sommeil dans une journée ! D'autres
animaux, comme les chevaux et les éléphants, dorment debout grâce
à un système de verrouillage des genoux. Les chauve-souris dorment
suspendues la tête en bas. Enfin, certains oiseaux, comme les pigeons, ouvrent
périodiquement les yeux sans se réveiller, histoire de surveiller
les alentours. |