Nos comportements individuels, orientés
vers la recherche du bien-être de l'organisme, nous
incitent à nous approcher des
nouvelles ressources dans le but d'y trouver une récompense
éventuelle à notre action. Or il peut arriver que
nos expériences antérieures nous aient appris que,
dans certaines situations sociales par exemple, cette recherche
du plaisir pouvait être punie.
Comme la fuite ou la lutte qui
permettent de soustraire l'organisme à un danger pour son
intégrité, l'inhibition de l'action permet
d'éviter la confrontation en se faisant oublier. Il est
facile d'imaginer la valeur adaptative de ce type de comportement.
Prenons l'exemple de la souris qui
trottine dans l'herbe et aperçoit
une buse qui la survole. La
peur qui la fige alors fait que cette immobilité
n'attire pas l'attention du rapace. Faire le mort en attendant
le départ d'un prédateur peut donc être bénéfique
si cette attente en tension ne s'avère pas trop longue.
Ce schéma illustrant le choix d'un
comportement optimal précise quelques structures cérébrales
impliquées et met en évidence l'omniprésence
des boucles de rétroaction. Grâce
à la mémoire, une connotation positive ou négative peut
être associée à une expérience et
modifier par la suite notre comportement lorsque cette situation
se représente.
Tout se gâte cependant si vous êtes un ouvrier et
que le rapace à la tête du patron qui vous exploite.
Vous ne pouvez fuir ou le combattre, car vous vous retrouveriez
sans emploi. Alors passent les semaines et les années que
vous vivez en inhibition de l'action, ce qui peut avoir des effets
catastrophiques sur votre santé.
En effet, cet état amène des remaniements hormonaux
à l'origine entre autre de hauts taux de glucocorticoïdes sanguins
dont l'effet néfaste sur le système immunitaire est
bien connu. Voilà pourquoi demeurer trop longtemps dans
un état d'inhibition de l'action peut ouvrir la porte à la
dépression et même
à toutes les pathologies par l'entremise de cet affaiblissement
du système immunitaire.
Une autre situation dans laquelle peut
survenir l'inhibition de l'action est celle du déficit informationnel. En effet,
pour agir efficacement, on a besoin d'un certain nombre d'informations
sur le monde. Si nos apprentissages antérieurs ne nous en
fournissent pas assez ou si l'on ne peut pas avoir accès à cette
information, alors l'inhibition de l'action nous rattrape. C'est
l'angoisse qu'éprouvent certaines personnes devant l'ordinateur
par exemple, ou nous tous devant la mort.
Inversement, et c'est particulièrement le cas dans nos
sociétés, un trop grand nombre d'informations que
l'on n'a pas appris à classer et à situer dans les
niveaux d'organisation qui les englobent (et qu'elles englobent)
provoque aussi le sentiment de l'inefficacité
de l'action. Ce sont les
bribes d'information dissociées de leur contexte du téléjournal ou
le bombardement incessant de la publicité.
Enfin l'imaginaire propre à l'être
humain, en permettant d'élaborer des scénarios que
l'individu redoute de voir se réaliser, peut lui aussi amener
l'individu à être
inhibé dans son action. Le rêve d'un amour idéal
inassouvi en a ainsi rendu plus d'un mal dans sa peau
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