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Ce
qui rend nos cerveaux «disponibles» à la publicité
Remettre
en question le droit des compagnies de nous empoisonner
Les
réseaux sociaux toxiques pour la conversation démocratique
?
Parlons
cerveau et printemps québécois 2012
Les élections au Salvador
et au Nicaragua, qui avaient lieu à peu près au même moment
au milieu des années 1980, est un exemple classique où deux événements
similaires sont traités de façon radicalement différente
par les grands médias américains parce que le premier est contraire
à leurs intérêts et le second en accord. Au
Salvador, l'intervention des guérillas était présentée
dans la presse comme quelque chose d'horrible. À l'opposé au Nicaragua,
l'intervention des guérillas (les "contras", financés
par le gouvernement américain) signifiait la liberté. Toujours
selon les grands médias, de longues files d'attente au Nicaragua prouvaient
que le régime sandiniste (nationaliste et socialiste) était "dictatorial".
Au Salvador, où l'on apprit plus tard que la CIA avait investi 2,1 millions
de dollars dans la campagne du démocrate-chrétien Napoléon
Duarte (qui sera élu le 6 mai 1984), les files d'attente étaient
plutôt présentée comme un indice de démocratie
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| | Dans les pays totalitaires
où règne une culture de la peur, le contrôle et la censure
des médias par l'appareil d'état est souvent évident. Il
est toutefois beaucoup plus difficile à remarquer dans les médias
privés des sociétés occidentales.
Pourtant, la propagande est tout aussi
efficace, même si elle peut être voilée par des charges périodiques
contre les fraudes de certaines compagnies où l'incompétence de
certains ministères dans une apparence de libre expression pour le bien
commun. Or quand on regarde de plus près le fonctionnement des grands médias,
on saisit rapidement la portée limitée des débats de société
qui y sont présentés. Il est en effet la plupart du temps très
instructif de s'attarder non pas aux désaccords entre les différents
protagonistes, mais aux présupposés qu'ils partagent et qui, eux,
ne sont jamais remis en question. | | |
Ce sont ces présupposés,
sur lesquels se fondent les grandes entreprises de presse et de télévision,
qui ont été analysés en détail par Noam
Chomsky et Edward S. Herman dans leurs nombreuses études sur les médias
au sein des sociétés industrielles avancées. Leur modèle
dit "propagandiste" des médias n'a cessé depuis d'être
confirmé par l'épreuve des faits. Ce modèle montre comment
l'information passe imperceptiblement par le filtre de l'argent et du pouvoir
pour nous présenter une vision du monde conforme à celle que veulent
véhiculer les intérêts privés et l'élite
dominante d'une nation. Ces
filtres des grands médias ont pour effet de restreindre les métaphores
employées, privilégiant celles qui mettent l'emphase sur la sécurité,
la propriété ou la peur des conflits avec l'autorité et négligeant
par exemple celles sur l'équité et la redistribution des ressources.
Les ingrédients essentiels de ce modèle propagandiste des médias
comportent cinq filtres principaux dont l'effet cumulatif est, pour le dire dans
les mots de Herman et Chomsky, "la fabrication d'un consentement" préétabli
chez ceux qui y puisent leur information. Les cinq filtres sont :
| | 1)
la grande taille des compagnies qui possèdent ces médias et leur
regroupement dans un nombre de plus en plus restreint de mains (concentration
de la presse) et la priorité accordée au profit par ces compagnies
2) la publicité en tant que source première de revenus
de ces grands médias 3) la confiance aveugle que font ces médias
aux sources d'information officielles comme les gouvernements, les compagnies
et les experts des firmes de relations publiques souvent à la solde des
institutions de pouvoir 4) les critiques que les puissants adressent
aux médias et qui servent à les discipliner 5) l'hostilité
des grands médias à l'endroit de toute perspective de gauche, socialiste,
progressiste, etc. | La
perpétuation des inégalités sociales et le maintien d'une
culture de la peur est donc favorisée par l'institutionnalisation de ces
filtres médiatiques. Ces filtres sont si bien intégrés dans
l'inconscient des journalistes qui travaillent dans les grands médias que
ces derniers en viennent à croire en toute honnêteté qu'ils
interprètent " objectivement " l'information qui leur parvient.
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