Capsule expérience: La séparation
des informations venant de l’œil droit et de l’œil gauche
Au début des années 1970, David Hubel et Torsten Wiesel firent
une expérience astucieuse dans le but de comprendre comment la séparation
des informations venant de l’œil droit et de l’œil gauche
était préservée jusque dans la couche IV C du cortex strié.
Ils injectèrent d’abord un acide aminé radioactif
dans le globe oculaire de l’œil d’un singe. Cet acide aminé
est capté par les cellules ganglionnaires de la rétine, incorporé
dans des protéines, puis transporté le long de leurs axones jusque
dans le corps genouillé latéral (CGL). Certaines de ces protéines
radioactives réussissent alors à sortir des terminaisons nerveuses
des cellules ganglionnaires et à être incorporées dans les
cellules du CGL impliquées dans le traitement de l’information visuelle
en provenance de l’œil injecté. Une fois de plus,
les protéines radioactives vont remonter l’axone de ces cellules
du CGL et vont atteindre la couche IV C du cortex visuel primaire. On fait ensuite
de minces tranches du cortex que l’on applique sur une pellicule sensible
à la radioactivité (une technique appelée autoradiographie)
et l’on obtient des zones colorées par des amas de grains argentés
qui indiquent les zones recevant des projection de l’œil injecté
avec l’acide aminé radioactif. 
Source : Hubel et Wiesel, 1977.
C’est ainsi que Hubel et Wiesel ont pu constater sur leurs coupes histologiques
que la distribution des terminaisons nerveuses en provenance de l’œil
injecté était discontinue, se présentant sous forme de bandes
régulièrement espacées qu’ils nommèrent colonnes
de dominance oculaire. Dans des expériences ultérieures,
ils montrèrent que les espaces entre les bandes innervées par l’œil
gauche sont bien, comme on s’y attendait, les régions innervées
par l’œil droit. Et ils conclurent que les terminaisons nerveuses de
l’œil gauche et de l’œil droit dans la couche IV étaient
disposées alternativement en bande adjacentes, un peu comme les rayures
d’un zèbre.

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