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Justice
et équité : nous navons rien inventé
Il ne faut pas confondre les hiérarchies
de valeurs ou de classe que l'on retrouve dans les sociétés humaines
avec les hiérarchies de fonction des systèmes vivants. Les
hiérarchies de valeur répondent à un instinct de dominance
qui permet d'acquérir le pouvoir pour mieux satisfaire ses besoins personnels.
Dans ce type de hiérarchie, les niveaux supérieurs commandent aux
niveaux inférieurs et l'information circule essentiellement de haut en
bas. Les hiérarchies de fonction que l'on retrouve dans les organismes
vivants diffèrent en ce sens que chaque niveau supérieur englobant
le niveau de complexité qui le précède ne le commande pas.
Il l'informe tout simplement des besoins de l'ensemble de l'organisme, tout comme
les niveaux inférieurs informent les niveaux supérieurs des besoins
métaboliques des ses éléments. L'information circule donc
dans les deux sens. | | |
LA DYNAMIQUE DES GROUPES SOCIAUX |
| La rareté de
certaines ressources concentrées (et donc défendables) favorise
l'émergence de compétition agressive entre les individus d'une société.
S'ensuit l'établissement d'une hiérarchie de dominance qui institutionnalise,
si l'on peut dire, ces relations conflictuelles. La
principale conséquence de l'établissement d'un ordre de dominance
est que chaque individu cherche évidemment à s'élever dans
la hiérarchie pour avoir un meilleur accès aux ressources. Le
tableau suivant montre que l'établissement d'une hiérarchie de dominance
issue de la compétition agressive est à l'origine du jeu des alliances
et de mécanismes réducteurs de tension comme le toilettage chez
les primates (ou son équivalent chez l'humain, le bavardage) ou la réconciliation
après un conflit. Les
études de primatologie ont démontré que le rang de dominance
se transmet principalement de deux façons chez les grands singes :
- par l'appui de la famille : en donnant
son appui à son enfant lors de ses premiers conflits, la mère lui
transmet son rang de dominance, lui évitant ainsi de tomber au bas de l'échelle
hiérarchique;
- par des alliances
avec des individus de rang élevé : l'intervention d'un
individu lors d'un conflit va toujours dans le sens de soutenir le dominant contre
le dominé. Le corollaire est qu'un individu dominant isolé et privé
de ses appuis habituels est rapidement renversé par une coalition d'individus
subordonnés.
Les dynasties familiales
ainsi que les incessantes fusions d'entreprises sont les manifestations humaines
de ces mécanismes déjà bien élaborés chez les
primates. Et comme chez nos cousins, les affrontements vont rarement jusqu'au
combat, car par le jeu des alliances, les hiérarchies acquièrent
une très grande stabilité. Elles créent
ainsi chez l'humain le phénomène de la reproduction des inégalités
sociales de génération en génération, phénomène
que l'on retrouve couramment dans nos sociétés sous des formes beaucoup
plus complexe que chez les primates, mais dont nous n'avons pas inventé
l'essence. Nos systèmes politiques, malgré
leur apparente diversité, sont encore aujourd'hui influencés par
ces mécanismes très anciens de centralisation des pouvoirs. Ce ne
sont plus des monarchies, mais peu importe le nom qu'on leur donne, ils continuent
d'être réellement sous
contrôle d'un très petit nombre d'individus dominants. Et
chez l'humain, ce sont moins les ressources comme telles que le contrôle
de l'information qui devient la pierre angulaire du pouvoir.
Les grands médias ou les firmes de relation publique des multinationales
sont là pour nous le rappeler.
La clé de nos différences avec
les primates sur le plan social est sans contredit le langage qui nous permet
d'atteindre de hauts niveaux d'abstraction et donc de tromperies potentielles. Car
chez les grands singes, il n'y a pas de guerres, pas d'entités politiques
regroupées autour d'un leader qui catalyse l'agressivité du groupe
contre un autre groupe. Au contraire l'être humain peut, avec le langage,
orienter des populations entières vers un seul et même but. La classe
dominante utilise d'ailleurs le discours pour susciter entre autre le sentiment
patriotique nécessaire à ses guerres de conquête. Mais
le langage peut aussi faciliter le rapprochement entre les êtres humains
en nous donnant un outil de choix pour nous comprendre. | |
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