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Un cerveau, à quoi ça sert ?

La dynamique des réseaux complexes éclaire la perte de conscience associée au sommeil

Intégration et conscience : jamais deux sans trois !

« Waking, Dreamin, Being », ou comment l’orient et l’occident ont tous deux des choses à nous apprendre sur ce que nous sommes

Ce qui est bon pour le cerveau en 6 points dont 3 encore confirmés

« La cognition incarnée », séance 5 : Activité endogène, oscillation et synchronisation de l’activité dynamique du cerveau

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Le cerveau dynamique : l’apport de la physique du chaos

Le système glymphatique : les égouts du cerveau

Le coma est un état de perte de conscience dans lequel la personne répond de façon très limitée à son environnement. Le coma peut avoir différentes causes affectant la machinerie neuronale du cerveau, certaines étant réversibles, d’autres non. Une personne dans le coma semble endormie, mais il s’agit de deux états très différents. Le cerveau est très actif durant le sommeil, alors que chez la personne dans le coma il est beaucoup moins actif qu’à la normale et consomme moins d’énergie.

Persistent Vegetative State, Coma, and Minimal Consciousness Persistent Vegetative State, Coma, and Minimal Consciousness Coma & Persistent Vegetative State
Cerebral Function in Coma, Vegetative State, Minimally Conscious State, Locked-in Syndrome, and Brain Death The minimally conscious state La conscience emmurée
Quelle conscience durant le coma?


Qu’arrive-t-il si on empêche un dormeur d’entrer en sommeil paradoxal ? Dans ce type d’expériences réalisé pour la première fois par William Dement, on guette les signes du sommeil paradoxal sur l’EEG et l’EMG de patients endormis et on les réveille dès qu’ils entrent en sommeil paradoxal. Ils se rendorment ensuite inévitablement en sommeil lent, et l’on continue le même manège toute la nuit pour les empêcher d’entrer en sommeil paradoxal.

Étonnamment, après deux semaines de ce traitement, durant lesquelles le sujet n’a pratiquement pas eu de sommeil paradoxal, on note peu ou pas d’effet néfaste sur son comportement. Mais durant les nuits suivant la fin de l’expérience, on observe un « rebond » de sommeil paradoxal, c’est-à-dire une durée de sommeil paradoxal très supérieure à la normale, comme si le cerveau avait besoin de récupérer ce temps de sommeil paradoxal perdu.  

Par ailleurs, les personnes qui prennent des antidépresseurs comme les IMAOs ont peu de sommeil paradoxal, voire pas du tout. Pourtant, même après des mois ou des années de traitement, ils ne présentent eux non plus aucun signe d’effets néfastes.

Ces observations permettent de déduire au moins une chose : comme on sait que la privation totale de sommeil est très dommageable pour l’organisme, cela implique que si on peut se passer de sommeil paradoxal, le sommeil profond, lui, semble indispensable à notre survie.

On doit aussi garder à l’esprit qu’il est difficile de supprimer sélectivement le sommeil paradoxal sans provoquer des effets non spécifiques dus au "stress" de la méthode instrumentale ou dus à la multiplicité d'action des diverses drogues qui suppriment le sommeil paradoxal.

Outil: Les fonctions possibles du sommeil


L’alternance du sommeil lent et paradoxal est aussi une alternance entre un état économe et un état énergivore du cerveau. Les neurones corticaux, qui sont activés de façon synchrone et fonctionnent en quelque sorte au ralenti durant le sommeil lent, réduisent en effet d'un tiers leur consommation de glucose et d'oxygène. En sommeil paradoxal, au contraire, les neurones sont hyperactifs et consomment autant sinon plus de glucose et d'oxygène que lorsque nous sommes éveillés.


Un exercice physique intense durant la journée ou encore la température élevée d’une canicule estivale entraîne une augmentation du sommeil lent. Pour ce qui est du sommeil paradoxal, sa durée est augmentée suite à des situations nouvelles ou inhabituelles nécessitant un apprentissage important.


NOS DIFFÉRENTS SOMMEILS
LES CYCLES D'UNE NUITLES RÊVESLES DÉRÈGLEMENTS DU SOMMEIL

Nous passons environ le tiers de notre vie à dormir. À 75 ans, nous aurons donc passé 25 ans à dormir. Le sommeil fait partie de la vie de tous les vertébrés supérieurs. Sa suppression sur une période prolongée a des effets dramatiques sur l’équilibre physiologique de l’organisme. Bref, dormir est presque aussi important que se nourrir ou respirer.

Et pourtant, les scientifiques ne savent pas encore exactement pourquoi nous dormons ! Cela peut sembler incroyable, mais malgré nos connaissances de plus en plus approfondies sur les mécanismes qui font que chaque nuit le sommeil l’emporte sur l’éveil, très peu de certitudes existent au niveau du rôle du sommeil (voir capsule outil à gauche).

D’un point de vue purement opérationnel, on peut définir le sommeil comme un état réversible d’interactions sensorielles et motrices réduites avec l’environnement. Le coma (voir l’encadré) et l’anesthésie, qui ne sont pas immédiatement réversibles, sont donc des états distincts du sommeil.

Grâce à l’utilisation de l’électroencéphalographe (voir capsule outil à gauche) dans les années 1950, les chercheurs constatent que le sommeil est loin d’être un phénomène unitaire, passif et dont la seule finalité serait la récupération. Au contraire une activité cérébrale particulière permet de distinguer entre le sommeil lent et le sommeil paradoxal. Par conséquent, si on analyse les caractéristiques de ces deux types de sommeil et de l’éveil, on note d’importantes différences physiologiques un peu partout dans l’organisme.

-  Le tracé de l’EEG est semblable pour l’éveil et le sommeil paradoxal avec sa faible amplitude et sa fréquence élevée. C’est le contraire pour le sommeil lent qui montre plutôt une grande amplitude et un rythme lent.

-  Durant l’éveil, les sensations sont vives et proviennent de l’environnement extérieur. Elles sont également vives durant les rêves du sommeil paradoxal, mais générées intérieurement cette fois-ci. Quant au sommeil lent, les sensations sont absentes ou très atténuées.

-  Quand on est éveillé, l’activité motrice est volontaire et pratiquement continue. Durant le sommeil lent, elle est occasionnelle et involontaire. Et lors du sommeil paradoxal, elle est inexistante (sauf pour les mouvements oculaires rapides). En réalité, les mouvements sont commandés par le cerveau mais sont bloqués et non réalisés, d’où une atonie musculaire généralisée.

-  Les mouvements oculaires sont donc très fréquents à l’état de veille et durant les rêves, mais rares durant le sommeil lent.

-  La pensée, plutôt logique et progressive chez l’individu éveillé, devient répétitive avec l’apparition du sommeil lent et carrément illogique et étrange durant les rêves.

Le sommeil lent, qui peut être subdivisé en 4 stades distincts, semble correspondre à un état fait pour le repos. Les muscles sont plus relâchés, et les rares mouvements ne servent qu’à ajuster la position du corps. Le métabolisme général de l’organisme diminue : température, consommation d’énergie, fréquence cardiaque, respiration, fonction rénale, tout cela ralentit conformément à la prépondérance du système parasympathique durant cette phase du sommeil.

Les rythmes lents de l’électroencéphalogramme (ou EEG) durant le sommeil lent indiquent que le cerveau semble également au repos. La grande synchronisation de l’activité neuronale qu’on y observe, résultat d'une activité autonome du thalamus plutôt que de son rôle de relais habituel, va dans le même sens, à savoir que la plus grande partie de l’information sensorielle n’atteint même pas le cortex durant cette phase.

Pas étonnant que les gens que l’on réveille durant le sommeil lent ne se souviennent que de vagues pensées et à de rares occasions de scènes oniriques détaillées. William Dement, un chercheur important sur le sommeil, parle d’un « cerveau fonctionnant au ralenti dans un corps mobile » pour résumer le sommeil lent.

À l’opposé, il définit le sommeil paradoxal comme l’état d’un « cerveau actif halluciné dans un corps paralysé ». Dement et ses collègues Eugene Aserinsky et Nathaniel Kleitman ont commencé, dès le milieu des années 1950, à réveiller des gens durant le sommeil paradoxal pour s’apercevoir que la grande majorité d’entre eux rapportait alors être en train de rêver. Et de fait, ils pouvaient détailler les événements du rêve, tantôt vraisemblables mais souvent ponctués de quelques bizarreries.

Le comportement du dormeur et les modifications physiologiques que subit son corps durant le rêve sont tout aussi singuliers. Il y a d’abord l’EEG dont la fréquence élevée et la faible amplitude évoque celui de l’éveil. Des mouvements rapides des yeux accompagnés de pointes ponto-géniculo-occipitales (PGO) sur le tracé de l’EEG sont aussi typiques du sommeil paradoxal. 90 à 95% des gens réveillés durant ce type de sommeil disent qu’ils étaient en train de rêver.

Durant le sommeil paradoxal, la consommation d’oxygène du cerveau, qui reflète sa consommation d’énergie, est très élevée, et même supérieure à celle du même cerveau éveillé qui réfléchit à un problème cognitif complexe. Et que dire de la perte presque totale de tonus musculaire qui survient durant le sommeil paradoxale et qui fait que nous sommes littéralement paralysés durant nos rêves ! Nos muscles respiratoires et cardiaques assurent toutefois les « services essentiels » et nos muscles oculaires (ainsi que les minuscules muscles de l’oreille interne) demeurent actifs en produisant les fameux mouvements oculaires rapides.

Durant le sommeil paradoxal, la température interne du corps n’est plus bien régulée et tend à glisser vers la température de la pièce, comme chez les reptiles. Comme le bébé humain passe énormément de temps en sommeil paradoxal, on doit éviter les accidents de chauffage dans la pièce où il dort car ceux-ci pourraient lui être préjudiciables.

De leur côté, les fréquences cardiaques et respiratoires augmentent durant le sommeil paradoxal, mais de manière irrégulière. Finalement, le pénis entre en érection et le clitoris se gorge de sang et ce, peu importe si le rêve a un contenu érotique ou pas. Ce phénomène permet d’ailleurs de distinguer entre une impuissance d’origine psychologique ou physiologique.

L’appareil d’enregistrement le plus couramment utilisé pour étudier le sommeil est l’électroencéphalographe (EEG) (voir capsule outil ci-bas). Cet appareil permet d’enregistrer le résultat de l’ensemble de l’activité des neurones corticaux à l’aide d’électrodes disposées en des emplacements standard du cuir chevelu. L’EEG a permis de distinguer l’éveil du sommeil, puis les 4 phases du sommeil lent (voir l'image ci-bas).

Comme chez l’humain le tracé de l’EEG du sommeil paradoxal est très proche de celui du stade 1 du sommeil lent, deux autres appareils permettent de les distinguer sans équivoque : l’électromyographe (EMG), qui mesure le niveau de contraction musculaire et l’électrooculographie (EOG), qui enregistre les mouvements oculaires. L’EMG permet de détecter l’atonie musculaire associée au sommeil paradoxal et l’EOG d’enregistrer les mouvements oculaires rapides qui ont donné l’appellation de « REM sleep » (pour Rapid Eye Movement en anglais) à cet état particulier. Si particulier, en fait, que chez certains animaux le tracé de l’EEG du sommeil paradoxal est en tout point similaire à celui de l’éveil, d’où l’appellation de « sommeil paradoxal » donné par Michel Jouvet en 1959.

Des tracés typiques obtenus avec ces différents appareils sont représentés ci-bas pour les différents niveaux de vigilance.


Source : Appleton & Lange

Lien : Comment étudie-t-on le sommeil ?Expérience : Cartographie de l'activité spectrale d'EEGExpérience : Comment étudie-t-on le sommeil ?Histoire : Le sommeil du 3e typeOutil : LA POLYGRAPHIE DE SOMMEILExpérience : HypnogramOutil : l’imagerie cérébrale

 

       
Liens
Lien : Comment est structuré le sommeil ?Lien : Que se passe-t-il au cours d'une nuit de sommeil?Lien : Les secrets de MorphéeLien : La physiologie du sommeil
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Lorsque nous sommes privés de sommeil, nous effectuons naturellement un rattrapage en dormant davantage la nuit suivante. Mais toutes les phases de nos cycles de sommeil ne seront pas récupérées de la même façon. C’est d’abord notre sommeil lent profond que nous allons rattraper en priorité durant cette première nuit de récupération. Celui-ci est fondamental puisqu’il sert surtout à  restaurer nos fonctions physiques en sécrétant par exemple l'hormone de croissance, en augmentant la synthèse des protéines et en intensifiant l’activité du système immunitaire. C’est pourquoi certains chercheurs n’hésitent pas à dire que pour passer l’hiver sans rhume, il est probablement plus important de bien dormir que de mettre sa tuque !

Quant au sommeil paradoxal, c'est seulement deux nuits plus tard qu'il y aura un léger rebond. La durée du sommeil paradoxal semble plutôt liée à la durée totale de notre nuit de sommeil. Autrement dit, plus on dort, plus on a de sommeil paradoxal.




LES CYCLES D'UNE NUIT
NOS DIFFÉRENTS SOMMEILSLES RÊVESLES DÉRÈGLEMENTS DU SOMMEIL

L’électroencéphalogramme de sujets dormant des nuits complètes révèle une alternance des différents stades de sommeil selon des cycles très réguliers.

Chaque soir, autour de la même heure, une sensation de fatigue, de manque de concentration ou de froid nous incite à aller nous coucher. Si nous allons au lit à ce moment, l’endormissement est généralement rapide, soit moins de 10 minutes. Nous descendons alors tous les stades du sommeil lent, du stade 1 plutôt léger au stade 4 très profond. Puis, le sommeil redevient léger pour quelques minutes et soudainement survient une première courte période de sommeil paradoxal de 5 à 10 minutes. Ceci termine le premier cycle de notre nuit de sommeil. Selon les individus, de une heure et demie à deux heures se sont alors écoulées depuis l’endormissement.

(D'après Samara/Sommeil Primutam. Cradess)


Une nuit complète représente l'enchaînement de 4, 5 ou parfois 6 cycles de ce genre. À la fin de la période de sommeil paradoxal qui clôt chacun de ces cycles survient un moment où l’éveil est très facile et où l’on se réveille d’ailleurs très souvent. Puis, on enchaîne avec un nouveau cycle. Nous ne gardons alors aucun souvenir de ces brefs éveils, qui durent généralement moins de trois minutes, et nous en profitons souvent simplement pour changer de position.

Mais si la personne est trop stimulée, cela peut prendre un cycle complet avant qu’elle ne s’endorme à nouveau. Ces éveils sont plus longs et plus fréquents après les deux premiers cycles de sommeil. C’est pourquoi plusieurs connaissent cet éveil qui s’étire entre 4 et 6 heures du matin et après lequel on réussit finalement à s’endormir profondément.

Après une période d’éveil durant la nuit, on repasse nécessairement par des stades de sommeil lent. Le passage d’un stade d’éveil directement à un stade de sommeil paradoxal est le propre de la narcolepsie.

Bien que de durée semblable, les cycles évoluent au cours de la nuit. Dans le premier tiers, le sommeil profond domine. En fait, les deux premiers cycles comportent la presque totalité du sommeil lent profond. En contrepartie, le sommeil lent léger et le sommeil paradoxal sont proportionnellement plus importants en fin de nuit, la durée des périodes de sommeil paradoxal pouvant alors atteindre jusqu’à 30 à 50 minutes. Une période de sommeil lent d’au moins 30 minutes semble toutefois nécessaire entre les périodes de sommeil paradoxal, même en fin de nuit.

Pour l’ensemble de la nuit, le sommeil paradoxal constitue environ 20 à 25% de notre temps de sommeil, les stade 3 et 4 du sommeil lent environ 15 à 20 %, et le stade 1 environ 5%. La plus grande partie de la nuit se déroule donc en stade 2, soit 50 à 60 % chez le jeune adulte. Cette précision de l’âge est importante  puisque les caractéristiques de nos cycles de sommeil se modifient avec l’âge


    
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Histoire : Petite histoire de la Biologie Onirique La naturalisation des rêvesHistoire : L'histoire naturelle du rêveHistoire : La naissance du concept de sommeil paradoxal comme troisième état du cerveau
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« Waking, Dreamin, Being », ou comment l’orient et l’occident ont tous deux des choses à nous apprendre sur ce que nous sommes

Quelle que soit leur origine, les rêves donnent lieu à des associations libres qui ont fait dire à certains, comme Hobson, que notre cerveau était fondamentalement créatif. Cette créativité spontané qui s’exprime durant les rêves serait rendue possible par l'absence de nombreuses contraintes (somatiques, cognitives, morales...) qui pèsent sur le sujet éveillé.

Plusieurs ont même affirmé que certaines de leurs créations artistiques ou scientifiques les plus célèbres leur avait été inspirées par des rêves : Giuseppe Tartini, pour sa Sonate du diable; Jean de La Fontaine, pour sa fable Les Deux pigeons;  Auguste Kekulé, pour la découverte de la structure de la molécule de benzène; ou encore Otto Loewi, prix Nobel de physiologie en 1936, pour la découverte de la transmission chimique de l'influx nerveux !

Lien : Le génie onirique

On entend souvent dire qu’on peut apprendre durant la nuit en écoutant un enregistrement de la matière à apprendre. Il n’y a malheureusement aucune preuve scientifique de ce phénomène. Des études ont montré que le peu de choses dont les sujets se souvenaient le lendemain correspondait à ce qu’ils avaient entendu dans les brefs moments d’éveils spontanés durant la nuit.

En fait, il semble très difficile pour le cerveau d’intégrer de nouvelles informations en provenance de l’extérieur durant la nuit. Si on a à se lever durant la nuit par exemple pour une raison ou pour une autre, on a souvent oublié l’incident au petit matin.


Les découvertes sur l’efficacité des protocoles de visualisation chez les athlètes appuient la conception du rêve en tant que maintien des comportements adaptatifs. L’utilisation de la visualisation à l’entraînement se fait bien sûr éveillé, mais il n’en demeure pas moins que certains rêves sont très visuels et pourraient ainsi influencer nos performances durant l’éveil.


"L'état d'éveil est un rêve guidé par les sens."

- Rodolfo Llinas

Lien : How the Brain Might Work: A New Theory of Consciousness Lien : The Electric Brain


LES RÊVES
NOS DIFFÉRENTS SOMMEILSLES CYCLES D'UNE NUITLES DÉRÈGLEMENTS DU SOMMEIL

Il y a encore beaucoup d'incertitude sur la ou les fonctions du sommeil en général (voir capsule outil à gauche). Quant aux rôles possibles du rêve et aux mécanismes qui les font advenir, ils demeurent encore plus mystérieux. D’où la grande diversité des théories qui tentent de les expliquer et de caractériser le lien qu’ils entretiennent avec le sommeil paradoxal. Certaines sont compatibles entre elles, d’autres sont mutuellement exclusives. En voici quelques unes, parmi les plus débattues.

Pour la théorie psychanalytique de Freud, les rêves sont une fenêtre sur l’inconscient qui révèle des désirs et des sentiments refoulés depuis l’enfance. Dans L’interprétation des rêves, publié en 1899, le neurologue viennois suggère que les rêves permettent d’assouvir ces désirs inavoués, d’exprimer des fantasmes sexuels ou agressifs interdits dans la vie courante, ou encore de nous préparer à affronter des situations angoissantes de la vie. Selon la théorie psychanalytique, l’interprétation des rêves pourrait donc aider à mieux comprendre notre vie psychologique consciente.

Lien : Le Rêve, de S. Freud à CG. JungLien : Classics in the History of Psychology


La scène du puits, Grotte de Lascaux
(environ 17000 ans avant J.C.)

Nos ancêtres du paléolithique supérieur avaient-il remarqué que l’érection est une manifestation physique qui accompagne le sommeil paradoxal ?

Parmi les nombreuses interprétations qui ont été proposées pour cette peinture rupestre de la grotte de Lascaux qui associe un homme couché en érection, un bâton surmonté d'un oiseau et un bison blessé, celle d’un rêveur, du concept ou du contenu d'un rêve a été évoquée.


En 1977, Allan Hobson et Robert McCarley proposent leur hypothèse de «l’activation-synthèse», premier modèle neurobiologique de l’origine des rêves qui rejette explicitement les interprétations psychologiques freudiennes. Selon ce modèle, les images du rêve sont produites par des impulsions nerveuses totalement aléatoires déclenchées par la libération de l’acétylcholine par les cellules REM-On du tronc cérébral. Le cerveau endormi ferait alors exactement la même chose qu’il ferait durant l’état de veille avec des signaux visuels ambigus : il tente de leur attribuer un sens.

Selon ce modèle, les rêves ne seraient donc rien de plus que des tentatives désespérées du cerveau de produire des images cohérentes d’après des signaux confus émis par le pont (dont les ondes PGO). En résulteraient à chaque nuit les histoires étranges de notre « cinéma de l’esprit », amalgame de préoccupations du moment et d’événements mémorisés avec leurs émotions associées.

Ce modèle est donc peu compatible avec les hypothèses de Freud parce que ce ne sont pas des phénomènes psychologiques (comme l’expression de désirs refoulés ou inavouables) qui déclenchent les rêves, mais de simples boucles de rétroaction biochimiques entre des aires cérébrales très anciennes phylogénétiquement et d’autres plus récentes. Cette hypothèse provoqua un tollé chez les psychanalystes, même si elle reçut plusieurs confirmations expérimentales durant les années qui suivirent.

Lien : Activation-synthèse et psychanalyseLien : The Activation-synthesis Model Of DreamingLien : CRITIQUE DU PARALLELISME PSYCHOPHYSIQUE

Francis Crick et Graeme Mitchison suggèrent en 1983 que les rêves seraient  une façon de « faire le ménage » dans le cerveau et de prévenir ainsi une trop grande accumulation d’information reçu au fil des jours. Cette théorie s’appuie donc sur l’hypothèse qu’une surcharge d’information pourrait à la longue nuire aux activités corticales de stockage des souvenirs.

Le cerveau examinerait donc à chaque nuit les stimuli reçus durant la journée et éliminerait celles qui sont dépourvue de sens pour le sujet. L’activation aléatoire des connexions corticales par les neurones du tronc cérébral participerait à ce désapprentissage. La façon dont s'effectuerait le tri entre ce qui est signifiant et ce qui ne l'est pas demeure toutefois difficile à résoudre.

Cette théorie du « désapprentissage actif » permettrait en outre d’expliquer pourquoi nous nous souvenons aussi mal de nos rêves : s’ils sont constitués d’informations non significatives à oublier, à quoi cela servirait-il de s’en souvenir ? En précisant, en 1986, que ce serait surtout les idées obsessives que le cerveau évacuerait ainsi, la pensée de Crick et Mitchinson n’était pas sans rappeler celle de Freud sur la nécessité de purger le cerveau de tensions psychiques néfastes.

Lien : Dreaming To Forget?Chercheur : A Visit With Dr. Francis Crick

Une autre explication sur la fonction des rêves – du moins les rêves à contenu émotionnel souvent étranges associés au sommeil paradoxal – part du constat qu’à la naissance, l’enfant consacre 8 heures par jour au sommeil paradoxal et un peu plus durant sa vie intra-utérine. D’où l’hypothèse que le sommeil paradoxal serait lié au développement du cerveau.

Hypothèse appuyée par une autre observation : chez le jeune nourrisson, la paralysie musculaire étant imparfaite durant son sommeil paradoxal, celui-ci émet volontiers des mimiques correspondant aux expressions faciales cardinales (sourire, peur, dégoût, étonnement…) alors même qu’il est encore incapable d’offrir un sourire à sa mère durant l’éveil. Or, ces expressions faciales relèvent d’une programmation génétique destinée à assurer, au sein de l’espèce, une communication élémentaire.

Mais comment cette connaissance préalable codée dans les gènes est-elle transférée dans l’organisation du système nerveux ? Car il y a un problème de taille : nous n'avons pas assez de gènes pour guider la synaptogenèse et coder l'ensemble des circuits cérébraux nécessaires à ces comportements de base. Il faut activer ces circuits en les utilisant pour compléter leur construction, ce qu’on appelle le développement épigénétique. Certains pensent donc que le câblage de  notre patrimoine génétique pourrait être transférées au système nerveux du nourrisson par les stimulations endogènes intenses qui accompagnent le sommeil paradoxal.

Pour Michel Jouvet, cette hypothèse du rêve en tant que gardien de la mémoire de l’espèce rend compte de plusieurs phénomènes. D’abord les expériences où des chats, libérés de l’atonie musculaire du sommeil paradoxal, expriment toutes sortes de comportements propres à son espèce. Ceci expliquerait pourquoi un chat, élevé et gardé dans un appartement en ville par exemple, réussira toujours à chasser une souris s'il se retrouve à la campagne parce qu'il se sera pratiqué toutes les nuits à le faire. Ensuite chez l’humain, les cas de vrais jumeaux, séparés par la vie, qui ont parfois des tempéraments semblables. Mais pour que cette explication de « répétition générale » soit cohérente, il faut aussi tenir compte du fait que le sommeil paradoxal occupe près du quart des nuits de l’adulte humain dont les circuits essentiels à la survie de l’espèce sont en place depuis longtemps.

C’est ce qu’a fait Jouvet en 1991 en proposant que chez l'adulte, le sommeil paradoxal servirait à préserver la personnalité de l’individu ou à la modifier en fonction de l'expérience vécue, en vue d'une meilleure adaptation à l'environnement. Cette approche élargie, où le rêve contribue à la fois à maintenir les bases génétiques de la personnalité et les comportements appris qui s’avèrent gratifiants, pose clairement la fonction des rêves dans une perspective évolutive. Rien n’assure cependant que le sommeil paradoxal soit seul responsable d'une telle reprogrammation.

Lien : Le sommeil paradoxal : Est-il le gardien de l'individuation psychologique?Lien : Où, Quand, Comment - Pourquoi rêvons-nous?

En fait, il se pourrait bien que les rêves aient plusieurs fonctions à la fois. Des hypothèses plus récentes et encore très débattues proposent ainsi certaines significations psychologiques à nos épisodes oniriques.

 

    
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Lien : "Les troubles du sommeil occasionnels font partie de la vie."Lien : Can't Sleep? Learn about InsomniaLien : Les insomniesLien : LES INSOMNIES CHRONIQUES
Lien : Sleep Facts and StatsLink : Womenshealth.comLien : Sleep Deprivation and Cognitive FunctionLien : Insomnia (2002)
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Lien : Les mystères du sommeilLien : Les différentes maladies du sommeil
Chercheur
Chercheur : Neurobiologie psychiatrique et troubles du sommeilChercheur : Roger Godbout

Prendre plus de 15 minutes pour s’endormir, être éveillé durant des périodes de plus de 15 à 30 minutes durant la nuit ou dormir moins de 5 heures par nuit sont tous des symptômes de l’insomnie. Ceux-ci doivent se produire plus de 3 fois par semaine et entraîner des manifestations pénibles le jour pour recevoir le diagnostic d’insomnie.


On estime qu’environ 45 % des adultes ronflent occasionnellement et que 25 % sont des ronfleurs réguliers. Le ronflement est plus fréquent chez les hommes et les personnes faisant de l’embonpoint, et le problème s’accentue généralement avec l'âge.

L’intensité d’un ronflement peut atteindre 90 à 100 décibels, soit l’équivalent du passage d'un camion à proximité. Le ronflement peut donc avoir des conséquences sociales importantes dans les relations avec le conjoint et le voisinage.

Le bruit du ronflement est produit par la vibration des parois du pharynx dû à un rétrécissement partiel des voies respiratoires. Durant le sommeil, le voile du palais, la luette et la langue se relâchent un peu. Si d’autres facteurs comme un tonus musculaire insuffisant, des amygdales hypertrophiées, un voile du palais trop long, des voies nasales obstruées ou déformées, etc. s’ajoutent à ce relâchement, le passage de l’air dans les voies respiratoire devient trop difficiles et entraîne leur vibration.

Le ronflement, bien que pouvant parfois déranger le sommeil du ronfleur lui-même, n’est pas dangereux en soi à moins d’être le symptôme d’un trouble plus grave, l’apnée du sommeil.

Il existe plus de 300 inventions dûment brevetées pour empêcher de ronfler ! Certaines visent à empêcher la personne de dormir sur le dos, position où le ronflement est souvent le pire, d’autres permettent de repositionner la mâchoire inférieure ou d’ouvrir davantage les voies nasales. Une mesure plus radicale et définitive est l’intervention chirurgicale qui consiste à enlever la luette et une partie du voile du palais.

Lien : Le ronflement : Cause, risques et traitementsLien : snoringLien : Du ronflement aux apnées du sommeilLien : Snoring
LES DÉRÈGLEMENTS DU SOMMEIL
NOS DIFFÉRENTS SOMMEILSLES CYCLES D'UNE NUITLES RÊVES

On ne réalise vraiment l’importance du sommeil que lorsqu’on vient à en manquer. Si ce manque vient d’un choix volontaire de couper sur ses heures de sommeil, on peu bien sûr contrer les effets néfastes associés au manque de sommeil en révisant ses priorités. Si, par contre, cette dette de sommeil provient d’une incapacité involontaire d’obtenir la quantité ou la qualité de sommeil nécessaire pour vaquer adéquatement à ses activités quotidiennes, on parle alors d’insomnie.

La forme plus légère d’insomnie, l’insomnie transitoire, touche au Canada environ 15 à 25 % de la population selon les sources. Les difficultés à s'endormir ou à rester endormis qu’éprouvent ces individus peuvent être dues au stress, au décalage horaire ou simplement à la consommation excessive de café. Une meilleure hygiène de vie permet généralement de régler le problème.

Sa forme plus grave, l’insomnie chronique, est moins commune et affecte environ 10 % de la population canadienne. Elle s’accompagne d’un déséquilibre des neurotransmetteurs qui contrôlent le début et la durée des cycles de sommeil et est souvent associée à des troubles psychiatriques tels que la dépression.


Les causes de l’insomnie chronique sont très variées. Les facteurs externes comme le bruit, la chaleur ou le froid doivent d’abord être envisagés. Si la cause s’avère plutôt interne, certaines insomnies peuvent être d’origine organique, d’autres d’origine psychologique. Des maladies organiques connues causant de la douleur, de la toux ou de la gêne respiratoire figurent parmi des causes possibles d’insomnies. D’autres pathologies associées spécifiquement au sommeil peuvent aussi en être responsable.

C’est le cas par exemple du syndrome des jambes sans repos qui comporte deux manifestations souvent associées chez le même individu. La première, le syndrome d'impatiences des membres inférieurs correspond à une sensation très désagréable de picotement ou de brûlure dans les jambes qui s’accompagne d’un besoin impérieux de bouger. Ces impatiences, qui survient surtout le soir et la nuit, sont favorisées par l'immobilité et soulagées, du moins en partie, par le mouvement. C’est pourquoi elles gênent l’installation du sommeil en obligeant la personne à se lever et à marcher.

La  seconde manifestation est le syndrome des mouvements périodiques (ou des jambes agitées). Il s’agit de mouvements des jambes qui se produisent au cours du sommeil, de façon involontaire. Ces mouvements périodiques surviennent chaque 5 à 90 secondes durant le sommeil profond. Ils touchent en général les muscles des jambes, le plus souvent les muscles des extrémités, entraînant une flexion du pied et des orteils mais parfois s'étendent au genou ou à la hanche. Ces mouvements involontaires sont responsables d’un sommeil haché en plus d’être fort dérangeants pour le compagnon ou la compagne de lit.

Lien : Syndrome des jambes sans reposLien : Le syndrome des mouvements périodiques nocturnes ou des jambes sans reposLien : Restless Legs

Le syndrome d'apnée du sommeil est une autre pathologie du sommeil caractérisée par des arrêts respiratoire durant la nuit.  Les personnes qui en souffrent, généralement des hommes corpulents d’âge mur, peuvent se réveiller des centaines de fois au cours de la nuit, de sorte qu’ils sont très fatigués durant la journée.

L’apnée du sommeil est causée par un affaissement des voies respiratoires qui bloque le passage de l’air et provoque un fort ronflement. Cet affaissement est favorisé par le ralentissement du rythme respiratoire et du tonus musculaire durant le sommeil.  Si du poids excédentaire comprime les voies respiratoires comme dans le cas de l’obésité, le pharynx aura alors tendance à s’affaisser d’autant plus. Le niveau d’oxygène diminuant alors rapidement dans le sang, le dormeur a le réflexe de prendre une bruyante bouffée d’air, ce qui peut le réveiller des centaines de fois par nuit. Il se réveille alors épuisé, bien que n’ayant pas eu conscience de ces nombreux réveils. Si elle n’est pas traitée, l’apnée du sommeil peut causer des problèmes cardiovasculaires et raccourcir de manière significative l’espérance de vie. Dormir autrement que sur le dos ou perdre du poids peut améliorer la situation.

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Dépression et anxiété sont aussi deux états qui peuvent perturber considérablement le sommeil. Alors que la dépression provoque le plus souvent des éveils prématurés en fin de nuit, l’anxiété amène aussi bien des difficultés d'endormissement que des éveils dans la nuit.

L'insomnie peut enfin recevoir l’appellation de psychophysiologique lorsque, après une première période d'insomnie ayant une cause bien définie, la personne développe un conditionnement négatif par rapport au sommeil. À force de ne plus avoir confiance en son sommeil, la peur de ne pas dormir entretient à elle seule l’insomnie.


Si la vie d’un insomniaque n’est pas reposante (c’est le cas de le dire), l’inverse, c’est-à-dire les hypersomnies, ne le sont pas plus. Les hypersomnies, dont la narcolepsie est le représentant le plus connu, n’est pas qu’une simple somnolence diurne excessive due au manque de sommeil. Elles résultent plutôt d’un dysfonctionnement particulier du réseau neuronal de l’éveil ou du système anti-éveil.

Quant aux parasomnies, on désigne par là toute une panoplie de phénomènes anormaux qui surviennent au cours du sommeil. Les parasomnies sont particulièrement fréquentes chez l’enfant et comprennent le somnambulisme, les terreurs nocturnes, le bruxisme, etc…



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