Le financement de ce site est assuré par vos dons, merci!
 
Le corps en mouvement
aide

Liens
AideLien : Influence de l’imagerie mentale sur la capacité d’improvisation en DanseLien : Les images mentalesLien : Guided Imagery
Lien : L'homme et la femme diffèrent dans les types de capacités motrices où ils excellent. Making your tennis racquet part of your brain's body representation
Chercheur
Chercheur : Marc JeannerodChercheur : Doreen Kimura

Nos neurones miroirs préfèrent nos mouvements préférés

« La cognition incarnée », séance 10 : Comment l’environnement entre dans notre cerveau (cognition ancrée et représentation modale)

En traversant une rue, nous modulons inconsciemment l’amplitude de nos pas quelques enjambées avant l’arrivée du trottoir, de manière à nous trouver, au moment voulu, à une distance qui permet de monter sur le trottoir aisément.

Or la stabilité du patron moteur de base de la marche est une condition nécessaire à l’expression de ces modulations, qu’elles soient de nature réflexe ou cognitive. Chez les patients souffrant de troubles neurologiques qui perturbent la stabilité de cette enjambée, ces adaptations à l’environnement se font beaucoup plus difficilement.


Le temps de réaction correspond au délai compris entre un signal et le début du mouvement qui y répond. C'est le gardien de but qui arrête un tir foudroyant ou la main qui rattrape le vase que l'on vient d'accrocher. Dans ces situations, on parle souvent de bons réflexes, ce qui n'est pas vraiment le cas car un réflexe est une réaction involontaire et stéréotypée, alors que ces gestes au temps de réaction très courts sont volontaires et adaptés à la situation.

L'entraînement permet de diminuer son temps de réaction en apprenant au système nerveux à anticiper les trajectoires possibles d'un projectile, par exemple. Mais cette amélioration du temps de réaction à une tâche particulière n'est pas généralisable à toutes les activités. Un excellent gardien de but aura le même temps de réaction de freinage en voiture devant un ballon qui surgit devant lui (environ une seconde) qu'une personne qui n'est pas sportive du tout. De plus, certaines substances comme l'alcool augmentent le temps de réaction chez tous les humains, alors que d'autres comme la caféine le diminue légèrement.

L'IMAGERIE MENTALE D'UNE ACTION

Le cerveau sert avant tout à permettre à l’organisme d’agir dans un environnement afin d’assurer sa survie. Or cet environnement est changeant et nos gestes doivent constamment s’y adapter. Pour apprendre un nouveau geste, on doit le répéter un certain nombre de fois afin de l’encoder dans sa mémoire procédurale. C’est ce qu’on appelle couramment l’entraînement ou la pratique.

 

Mais il existe une autre façon d’améliorer l’exécution d’un mouvement une fois que la gestuelle générale a été mémorisée : la simple répétition mentale du mouvement. Ce procédé, que l’on nomme « imagerie mentale », est couramment utilisé par les athlètes de haut niveau pour aller chercher les précieuses fractions de secondes au fil d’arrivée. Les skieurs de descente répètent ainsi mentalement tout le trajet de leur course avant d'amorcer leur descente. Ils perçoivent chaque virage, sentent leur corps à chaque bosse et effectuent mentalement les changements de direction appropriés.

 

Une personne qui s’imagine ainsi en train de faire un mouvement active les mêmes représentations cérébrales que celles qui sont liées à la préparation et au contrôle de cette action. Plusieurs expériences nous permettent en effet de penser que lorsqu’on imagine une action et lorsqu’on exécute réellement la même action, les régions cérébrales impliquées sont très similaires.

Ce phénomène de l’action imaginée qui active les mêmes aires cérébrales que l’action exécutée s'étendrait même à l'observation d'une action exécutée par un tiers. Autrement dit, le seul fait d’observer quelqu’un faire un geste augmente dans notre cerveau l’activité des régions que l’on active normalement quand on fait ce geste. La découverte des «neurones miroir» est venue, au milieu des années 1990, fournir une base cellulaire à ce phénomène. Ces neurones s’activent lorsque nous voyons se réaliser la même action que celle dans laquelle ils sont normalement impliqués quand nous faisons nous-même cette action.

Un spectateur qui se concentre en visualisant la gestuelle d'un champion de tennis ou de football a donc une stimulation au niveau cérébral qui correspond parfaitement aux muscles activés par le joueur qu'il est en train de regarder. Cette stimulation lui permettra, lorsqu'il va jouer à son tour, de retrouver plus facilement les mêmes mouvements.

On sait aussi que lorsqu'on s’imagine soi-même réaliser une action, c’est le cortex prémoteur qui est particulièrement actif. Lorsqu'on imagine une tierce personne réaliser cette même action, l’activité de cette région s’accompagne de celle du cortex pariétal de l'hémisphère droit. Cette région est justement reconnue pour jouer un rôle spécifique dans la distinction de soi et de l'autre.

L'attribution de l’origine de l’action à soi-même ou à autrui pourrait ainsi subir des altérations spécifiques qui pourraient contribuer aux troubles de la reconnaissance de soi dans la schizophrénie par exemple.

 



On peut adopter deux perspectives en imagerie mentale. Dans la perspective externe, on s’imagine comme si on se regardait en vidéo. Cette perspective est donc de nature plus visuelle. Par opposition, lorsqu'on voit les événements à travers ses propres yeux, comme si on y était, on utilise alors une perspective interne. Cette forme d'imagerie sollicite davantage des sensations kinesthésiques, c’est-à-dire les sensations internes des muscles, des articulations et des tendons.

En fait, pour qu’elle soit efficace, l’imagerie mentale doit intégrer les caractéristiques sensorielles pertinentes pour l’action à perfectionner. Un joueur de basket s’imaginant en train de dribbler va tenter de visualiser le ballon, ses coéquipiers et ses adversaires, il va essayer d’entendre les rebonds du ballon, de ressentir le contact des ses pieds avec le sol. Les actions plus individuelles comme le plongeon ou le soulèvement d’haltères nécessitent quant à elles d’éprouver toutes les sensations physiques et kinesthésiques liées à ces mouvements.

 

 

  Présentations | Crédits | Contact | Copyleft