| Capsule outil : l'identification des voies 
cérébrales   Pour identifier les connexions entre différentes 
structures du cerveau, les chercheurs peuvent travailler directement sur le cerveau 
humain ou, comme c'est souvent le cas en recherche, utiliser un modèle 
animal. Dans les études avec des animaux, 
deux approches expérimentales s'offrent à eux.  
A) Les 
techniques de dégénérescence, basée sur la 
réaction des neurones aux lésions.  Quand un axone est déconnecté 
de son corps neuronal, il dégénère et est éventuellement 
attaqué par des cellules phagocytaires. On produit donc des lésions 
très localisées et, grâce à des colorants, on peut 
mettre en évidence certaines voies. Cette approche est cependant limitée 
car ce ne sont pas tous les neurones qui démontrent une dégénérescence 
marquée après une lésion. B) 
Les techniques de traçage, basée 
la capacité qu'ont les neurones de faire circuler des molécules 
dans leur axone (le " transport axonal ").
 Pour localiser 
l'origine d'une voie neuronale, un marqueur moléculaire (comme l'enzyme 
horseradish peroxidase, par exemple) est injecté dans la région 
où se termine les axones. Ce marqueur est transporté vers le corps 
cellulaire grâce au transport axonal " rétrograde ". Il 
y catalysera une réaction dont le produit dans le corps cellulaire sera 
détectable en microscopie électronique, révélant du 
même coup les neurones d'où origine la voie. À l'inverse, 
on peut aussi déterminer l'endroit où se terminent les axones en 
injectant certains précurseurs radioactifs dans la région des corps 
cellulaires. Ces derniers vont les incorporer dans des macromolécules qui 
seront ensuite acheminées au bout de l'axone grâce au transport axonal 
" antérograde ". Un film sensible à la radioactivité 
permet de visualiser les voies ainsi marquées.  
 | 
 Source: 
The emotional Brain, by Joseph Ledoux |   Malgré ses milliards de neurones qui forment un réseau 
d'une incroyable complexité, des patterns de connexion très précis 
peuvent être mis en évidence grâce aux techniques de traçage. 
Dans le schéma ci-contre par exemple, le réseau de neurones central 
reçoit des inputs de la région B et C, mais pas de la région 
A ou D. Le même réseau donne naissance à des outputs vers 
les régions X et Y, mais pas W ou Z. Aussi, la région C communique 
avec Y à la fois directement et par l'intermédiaire du réseau 
central.  |    Dans les études faites directement 
chez l'humain, il n'est évidemment pas question de créer 
des lésions ou d'injecter des marqueurs et l'on doit procéder autrement.  
On tire plutôt avantage du fait qu'il n'y a pas de régénération 
axonale sur de longues distances après une lésion au cerveau. L'espace 
créé dans le système nerveux par la disparition de ces axones 
se remplit d'astrocytes qui vont laisser des " cicatrices " à 
la place des anciennes voies. De tels changements histologiques survenus suite 
à des lésions accidentelles très spécifiques ont permis 
d'accumuler des données fiables sur la connectivité du cerveau humain. Ces 
données, couplées à celles des modèles animaux, ont 
permis d'avoir une bonne idée de la connectivité générale 
du cerveau. Mais elles nous permettent également de comprendre pourquoi 
l'on n'a pas encore une vision exhaustive de toutes les voies cérébrales. |