Capsule expérience: L'effet d'un environnement enrichi sur la mémoire

C'est Donald Hebb lui-même, semble-t-il, qui aurait remarqué que des rats rapportés du laboratoire à ses enfants pour qu'ils jouent avec, résolvaient ensuite des tests comportementaux plus facilement que les rats restés dans leur cage au laboratoire.

Or, qu'avaient eu de plus les premiers rats par rapport à ceux restés au labo ? De la nouveauté. Simplement un environnement physique et social plus riche que les autres rats.

C'est dans les années 1960 qu'on a mis systématiquement ce paradigme à l'épreuve. On avait alors montré que le fait de vivre dans un milieu riche en stimulations sensorielles et sociales modifiait le fonctionnement et la structure du cerveau. Les rats élevés en groupe possédaient d'ailleurs un cerveau plus lourd que les autres, une découverte très surprenante pour l'époque où l'on considérait le poids du cerveau comme une caractéristique stable insensible à l'influence du milieu. On sait aujourd'hui qu'il n'en est rien et que les différences observées provenaient d'un épaississement du cortex cérébral dû à une plus grande ramification des dendrites des neurones corticaux.

Plusieurs équipes ont montré depuis que le séjour d'animaux dans des environnements complexes améliore leur capacité d'apprentissage et de mémoire. Des chercheurs de l'Université de Princeton ont par exemple mis au point une expérience mettant en évidence la mémoire des souris pour certains objets (les souris explorent davantage les nouveaux objets que les objets déjà rencontrés, preuve qu'ils ont mémorisé l'existence de ces derniers). Ils ont ensuite appliqué ce test à des souris possédant une mutation du gène responsable de la présence d'un récepteur NMDA de l'hippocampe et impliqué directement dans le processus de mémorisation. Ces souris mutantes, bien qu'elles se comportent normalement, présentent des déficits d'apprentissage et de mémoire importants.

Ces chercheurs ont donc voulu savoir si le fait d'évoluer dans un environnement enrichi pouvait compenser ce déficit congénital. Leur résultats montrent que oui: ces souris mutantes finissent par avoir des performances équivalentes à celles des souris normales ! Des déficits mnésiques liés à des prédispositions handicapantes du cerveau peuvent donc être partiellement, voire entièrement, compensés par une augmentation des stimulations environnementales et sociales.

Cage normale

 

Cage avec environnement enrichi

Lien :  L'enrichissement du milieuLien :  Enriched Environments Enhance LearningExpérience :  Enrichement induces structural changes and recovery from nonspatial memory deficits in CA1 NMDAR1-knockout mice  Histoire: La naissance de nouveaux neurones dans le cerveau humain adulte. Expérience : Poverty may reduce kids’ brain functionNovelty and Unacknowledged Confounds In Cognitive PsychologyLien : Undoing cocaine's consequences

 

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